Vous aimez ce blog? Dite-le en cliquant le bouton:

jeudi 24 février 2011

Porsche, la fin du luxe ?

On ne présente plus l’entreprise Porsche, fleuron de l’industrie automobile de luxe. Pourtant depuis 2007, l’entreprise a supporté de nombreux soubresauts, véritable effet domino d’une décision folle et ridicule du dirigeant de l’époque. Nous verrons comment une simple décision erronée peut conduire un constructeur de luxe à envisager de fabriquer en Chine ses Porsches !

Fondé en Allemagne en 1947 par Ferry Porsche, fils de Ferdinand du même nom qui fut le créateur de la première Wolkswagen. Porsche est aujourd’hui le constructeur automobile et le groupe d’entreprises le plus rentable au monde du point de vue de la marge. Avec 11,63 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour un bénéfice de 9,8 milliards d’euros, l’entreprise est principalement aujourd’hui encore une entreprise familiale. Les familles Porsche et Piëch possèdent la totalité des droits de vote même si l’entreprise est soutenue à 50 % tout de même par des investisseurs institutionnels ou privés.

Pourtant, cette histoire idéale pour les actionnaires est mise à mal en 2007 par une idée, que l’on sait ridicule maintenant : prendre le contrôle de Volkswagen. Pour ce faire, Porsche avait emprunté 10 milliards d’euros à court terme. L’affaire s’est très mal passée et finalement Volkswagen et Porsche ont dû entamer une fusion.

Porsche qui avait plus ou moins discrètement acheté trop d’action Volkswagen est contraint par la loi allemande en mai 2007 de faire une OPA sur ce dernier, car il a dépassé 30 % du capital. Comme on pouvait s’y attendre, l’OPA forcée est un échec. Porsche dispose désormais de seulement 30,97 % de Volkswagen. Pourtant, les bénéfices de Porsche explosent, car Volkswagen dans le même temps a triplé son bénéfice net.

Les actions Volkswagen qui avaient fortement augmenté auraient dû faire plaisir à Porsche, pourtant, en vertu d’une loi allemande sur les plus-values, Porsche se devait de reverser une somme très importante au Trésor Public allemand. Ce fut le départ d’une incroyable succession d’erreurs et de manque de chance pour la famille Porsche.

Porsche crée une holding pour gérer les deux entreprises et devient une société européenne. Mais la discorde commence : le comité d’entreprise de Volkswagen porte plainte contre Porsche qu’il accuse de noyauter la holding. En 2008 Porsche monte à 35,1 % et obtient l’autorisation d’aller jusqu’à 50 %. L’opération est globalement risquée, car c’est un petit (11 000 personnes) qui prendrait le contrôle d’un géant de 324 000 personnes.

Porsche doit remettre à plus tard sa prise de contrôle en raison d’un cours de bourse difficilement maitrisable pour l’action Volkswagen, il devient officiellement propriétaire de Volkswagen qu’en janvier 2009. Cette précipitation étonne tout le monde, mais l’affaire est faite. Porsche possède 50,75 % de Volkswagen !

Encore un aléa de la loi Allemande, la prise de contrôle de Porsche sur Volkswagen implique que Porsche doit faire une OPA sur Scania (constructeur de camions) dont Volkswagen est actionnaire. Évidemment, cela n’intéresse pas Porsche et l’opération est préparée pour échouer, ce qui fut le cas.

Si dans un premier temps les profits de Porsche s’envolent, la dette de ce dernier est inquiétante. Il lui faut de l’argent frais rapidement pour rembourser son achat. Sa stratégie est simple et classique : faire payer a Volkswagen le propre prêt qui a servi à l’acheter. C’est une manière de procéder classique des investisseurs sans scrupules. Pour ce faire, Volkswagen doit être saigné à blanc et “cracher” tout le “cash” possible. La situation dérape lorsque l’impact de la crise touche à la fois les résultats de Porsche et de Volkswagen. La holding manque cruellement de liquidité pour rembourser ses prêts.

Pourtant, Porsche avait oublié encore un autre détail, Volkswagen ne lui appartient qu’à 50,7 % et dans les investisseurs restants il y à la région du Land de Basse-Saxe qui possède tout de même 20 %. Or cet investisseur n’est évidemment pas d’accord pour autoriser ce “pillage” qui le spolierait ainsi que les emplois de la région. Porsche ne peut donc faire main basse sur toutes les liquidités de Volkswagen.

La situation est alors critique pour Porsche : il doit trouver de l’argent au plus vite et n’a d’autre choix que de chercher un partenaire investisseur. Il lui cèderait alors le contrôle de Volkswagen. Ces dernières années d’efforts ont été anéanties très rapidement et il se trouve dans une situation pire qu’avant…

La situation catastrophique de Porsche implique celle de Volkswagen, ils sont dans la “même galère” maintenant et les deux familles sont contraintes d’unir leur force. Deux options sont alors évoquées : la famille Porsche propose que les deux groupes fusionnent dans une nouvelle holding et trouvent des investisseurs extérieurs pour obtenir de l’argent frais, la famille Volkswagen propose que “leur entreprise” (Volkswagen) prenne le contrôle de Porsche !

Finalement, c’est bien la dernière solution qui sera choisie même si l’intervention d’un investisseur extérieur est inéluctable. La dette de Porsche dépasse le 16 milliards d’euros et si Volkswagen “racle les fonds de tiroirs” pour pouvoir injecter 3,3 milliards dans l’achat de 42 % de Porsche, ce n’est tout de même pas suffisant. Le fond Qatar Holding débourse 7 milliards d’euros et devient le troisième actionnaire de Volkswagen.

Mais les ennuis ne s’arrêtent pas là pour les deux entreprises : les effets de la crise de 2008 associés à ceux de cette abominable saga font que Porsche essuie ses premières pertes depuis 1990 : 4,4 milliards d’euros manquent dans les caisses. Pour s’en sortir, Porsche doit encore céder de la place à la Qatar Holding qui monte à 17 % du nouvel ensemble. C’est (enfin !) le coup de grâce pour le patron de Porsche, Wendelin Wiedeking, et cette dernière catastrophe lui coute son poste. Il est remplacé par le numéro 2 de Volkswagen, Michael Macht.

En décembre 2009, Volkswagen possède enfin 49,9 % de Porsche pour la modique somme de 3,9 milliards d’euros. Porsche devient donc la dixième marque de Volkswagen.

Mais notre histoire est loin d’être terminée. En janvier 2010, des fonds d’arbitrage anglo-saxons attaquent Porsche en justice pour manipulation du cours de bourse sur l’action Volkswagen. Ils veulent 1 milliard de dollars, car ils reprochent à Porsche d’avoir menti en 2008 sur son intention de prendre le contrôle de Volkswagen et d'avoir ainsi berné le marché. Le cours de l’action Volkswagen avait alors fortement varié à la hausse (plus de 1000 euros l’action) entrainant des pertes chez leurs clients qui avaient parié à la baisse ! (NDLA: il faut tout de même être gonflé ! Jouer au casino et attaquer en justice lorsqu’on perd).

Volkswagen qui n’a toujours pas fini de financer son acquisition forcée de Porsche lève 4,1 milliards d’euros en avril 2010. Cette dernière place un homme de confiance à la tête de Porsche et Michael Macht est remplacé par Matthias Müller. Malheureusement, Volkswagen doit encore investir 3,3 milliards d’euros dans le rachat nécessaire de la filiale de distribution internationale de Porsche...

Janvier 2011, l’affaire des fonds d’arbitrage anglo-saxons n’est toujours pas réglée, ils sont maintenant au nombre de 39 et demandent 2 milliards de dollars. Porsche indique pour sa part qu’il va se défendre énergiquement contre ces attaques.

Mais Porsche doit encore 6 milliards d’euros et il est encore obligé de demander 5 milliards d’euros à ces actionnaires. La fusion n’est pas encore réalisée et il faudra attendre 2012 pour qu’elle soit terminée. Mais la chance sourit de nouveau à Porche : ses ventes 2010 sont en hausse de 25 % grâce à la reprise économique qui fait revenir en masse les acheteurs, en particulier chinois.

Cette saga peu reluisante n’empêche pas le groupe Porsche de “fanfaronner” dans les médias : pour eux, l’issue chaotique est encore meilleure que celle escomptée pour Porsche à l’origine. Porsche pourra puiser dans les équipements déjà développés par Volkswagen pour ses futures voitures au lieu de développer les siens. Argument, soit dit en passant, qui n’intéresse que les actionnaires, mais en aucun cas les clients, car, je pense que s’ils achètent une Porsche, ce n’est pas pour avoir le même GPS que l’Audi A8 dedans (malgré tout le bien que je pense de l’A8) !

Mais cela ne fait que confirmer une chose : Porsche se “Volkswagenise” et non l’inverse ! Heureusement pour Porsche Volkswagen est plutôt reconnue comme une marque de qualité, mais tout de même ! Cela sera peut-être du gout des clients de Volkswagen, mais certainement pas de ceux de Porsche. Souvent classé N°1 de la fiabilité par ses clients, il se pourrait que cela ne dure pas. L’enquête Allemande menée par l’ADAC (association automobile allemande également, sont-ils influencés ?), classe en effet la Porsche 911 au premier rang de la satisfaction client, vient ensuite l’Audi A5 (Volkswagen, donc), puis Nissan Qashqai, puis la Porsche Boxter pour finir avec deux BMW.

Pourtant, l’ombre de la finance plane. Matthias Müller indique à la presse qu’il pourrait fabriquer ses futurs véhicules Porsche en Chine ! Certes, la Chine est aujourd’hui un de ses gros clients, mais cela prouve qu’il n’a pas compris ce qu’est l’industrie du luxe.

Le Chinois achètent des Porsches non pas parce qu’elles sont chères ou parce qu’elles sont fabriquées en Chine, mais au contraire parce qu’elles sont chères ET fabriquées en Allemagne ! La qualité chinoise, les Chinois l’ont déjà (sans critique de ma part). Les riches veulent du cher pour prouver leur réussite, mais également de la qualité étrangère. Acheter étranger est le top en Chine, car les Chinois ont été longtemps privés de produits étrangers… De même, les produits étrangers étant forcément plus chers, cela fait plus “branché”.

Il y a aussi un autre point que le président de Porsche n’a pas compris, le plus gros. Les Porsches étaient de bonne qualité, car fabriquées à la main par des ouvriers qualifiés et mieux payés que des ingénieurs en France. Lorsque vous passez devant l’usine de Porsche à Stuttgart en Allemagne, le parking en est rempli. Pourtant, il ne s’agit pas la production du jour, mais bien des voitures du personnel. Offrir à tous ses employés la possibilité de conduire une des voitures qu’ils produisent à la main est la clef du succès de Porche en terme de qualité. Chaque ouvrier se sent concerné, car il imagine qu’il construit “sa” voiture. Penser qu’il pourra en être de même en Chine est bien évidemment ridicule. Müller s’en doute et indique « Il n’y a aucun problème, tant qu’on peut affirmer que les véhicules seront conçus par Porsche. », lorsqu’il parle de “conception” il s’agit bien sûr de  recherche et développement, mais évidemment pas de fabrication, or il faut évidemment les deux et je doute qu’il fasse rouler les ouvriers Chinois en Porsches.

Pourquoi cette idée ? Simplement pour partager les facilités de production de Volkswagen en Chine. En effet le petit SUV compact Cajun de Porsche partagera sa plateforme avec l’Audi Q5 prévue pour être fabriquée en Chine. De plus, comme il faut gagner (beaucoup) d’argent l’objectif de vente de 200 000 voitures par an est fixé pour 2018 ! Tout est dit. C’est la fin d’un mythe à cause de l’appétit ridiculement grand d’un dirigeant. Le libéralisme mondial n’avait pas encore broyé les chanceux ouvriers de Porsche, ce n’était pas normal, maintenant c’est fait ! (sic !)

mercredi 23 février 2011

Hé oui, les délocalisations c’est parfois difficile pour les entreprises !

Alors que les comités de direction des grosses entreprises se vantent entre eux de leurs nombreux progrès dans la délocalisation de leurs activités, la crise que traverse de nombreux pays du Maghreb et qui est loin de se terminer leur rappelle que dans le business, l’essentiel est la stabilité. On ne construit pas une usine pour 6 mois seulement, il faut donc que le pays et le peuple reste stable socialement, politiquement et financièrement.

L’article suivant que je vous propose en est l’illustration. Bien évidemment les grands groupe, parfois peu touchés ou très touchés, ne s’en vantent pas. Il savent qu’à l’instar de Lafarge, cela peut leur faire chuter le cours de bourse et cela, l’actionnaire majoritaire, il n’aime pas du tout. “Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés” (pour reprendre le titre d’un livre de Marie Pezé sur la souffrance au travail), dans les comité de direction des grandes entreprises ont n’est pas bien fiers de la situation et on ne veut surtout pas communiquer sur la question. Le bricolage est de mise : déroutement de la production vers d’autres sites, bricolage d’une connexion internet par satellite alors que le pays est isolé, mis en congé des employés le temps que cela se calme… Mais cela ne trompe pas. Cela COUTE.

A lire dans L’Usine Nouvelle:

La crise tunisienne touche les opérateurs télécoms français

La délocalisation des centres d'appels a été massive : entre 5 et 15% des appels aux opérateurs télécoms français sont traités en Tunisie.

Le syndicat CFE-CGC alerte sur une conséquence inattendue de la révolte tunisienne. Les opérateurs télécoms français ont délocalisé leurs centres d'appels, et la Tunisie est un des pays qui en a le plus profité. Résultat : la situation actuelle impacte directement les services clients de SFR, Orange ou Bouygues.

"Les centres d’appels délocalisés en Tunisie ne répondent plus entrainant une forte dégradation de la qualité des réponses au client"
affirme la CFE-CGC. Entre 1998 et 2008, 28 000 emplois de télé-services ont été délocalisés hors de France. Le principal employeur privé de Tunisie, Téléperformance, gère les centres d'appels de SFR.
Au-delà du confort des consommateurs français, le syndicat voit dans cette situation un constat d'échec des délocalisations des centres d'appel. "Si la situation venait à perdurer, les mesures d’exception ne suffiraient plus à amortir la baisse de qualité, dès la semaine prochaine la situation de viendrait critique et des mesures de repositionnement durable des appels devraient s’opérer."

mardi 22 février 2011

Pourquoi nous travaillons ?

Voici une citation issue d’une présentation TED qui est assez intéressante à écouter (choisissez les sous-titres français). La vidéo est celle de Nigel Marsh qui se demande comment trouver l'équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle :

“La plupart des gens travaillent longtemps et durement dans des emplois qu’ils détestent et qui leur permettent d’acheter des choses dont ils n’ont pas besoin et qui servent a impressionner des gens qu’ils n’aiment pas.”

(si vous ne maîtrisez pas l’anglais, activez les sous-titres français en cliquant sur “view subtitle”)

“Most people work long, hard hours at jobs they hate that enable them to buy things they don't need to impress people they don't like.”

A méditer…

La meilleure équipe gagne un pot de confiture

A lire sur le Blog D’Elsa Fayner:

Les méthodes de vente dans certains call centers, notamment chez les sous-traitants des grands groupes, virent parfois à la mission impossible. Extrait d’un reportage que j’ai réalisé pour mon livre Et pourtant, je me suis levée tôt… Je m’étais faite recruter comme télévendeuse (les employeurs préfèrent dire « conseillère clients ») pour l’un des sous-traitants d’un opérateur de téléphonie fixe. Épisode 1.

Je pensais commencer avec un emploi facile : parler, conseiller, rester assise derrière un bureau, au chaud, sans effort physique… Près de deux cent mille personnes travaillent en France dans près de quatre mille centres d’appels téléphoniques. Majoritairement des jeunes, des femmes, diplômés d’un bac+2 ou plus . Je devais m’y retrouver. J’ai vite déchanté.

« Pour obtenir un accord, il faut partir vainqueur ! »

Les techniques de vente ne sont tout d’abord pas évidentes à appliquer. Une « méthode d’argumentation commerciale » préside tout d’abord au déroulé de l’échange téléphonique. C’est la méthode « AIDA » : A comme Attirer l’attention, I comme Intéresser, D comme « développer le désir d’accord », A comme Aboutir à l’accord. Après avoir interrogé le « prospect » (l’interlocuteur à qui nous tentons de vendre le produit) sur ses habitudes téléphoniques, le télévendeur présente l’offre qui lui correspond le mieux, en se gardant un élément décisif qui doivent achever de le convaincre, avant de proposer de lui faire bénéficier de l’offre sans plus attendre.
« Pour obtenir un accord, il faut partir vainqueur ! », est-il précisé dans le manuel de formation. Et, pour vaincre, nous disposons d’armes. La voix, d’abord. Travailler, le timbre, la respiration, l’intonation, l’articulation, le rythme, le débit, le volume, les pauses et les silences. Le sourire s’entend, c’est bien connu. Plus : « lors de longues explications, votre atout majeur est de respirer avec amplitude pour disposer d’une réserve d’air afin de parler plus longtemps », poursuit le manuel. Histoire de bien assommer l’interlocuteur. Mais pas n’importe comment : « pour réussir, desserrez vos mâchoires, faites jouer votre langue, vos joues et vos lèvres afin d’obtenir une émission phonique nette ». Sans aller trop vite non plus : « un rythme trop rapide (plus de 180 mots minute), agace l’interlocuteur, peut entraîner une certaine violence chez vous, cause une mauvaise articulation », ce qui risque de provoquer une « incompréhension de votre client qui peut avoir l’impression que vous voulez en finir vite ou que vous le méprisez ». Heureusement, Nadège ne nous demande pas de nous entraîner pour mettre ces principes en pratique. Nous avons suffisamment à faire avec le choix des termes à employer.

« Positiver l’acte de vente en entraînant le client dans une logique positive »

Consigne est donnée de bannir certains termes et expressions. Nous l’ignorions encore il y a quelques jours, mais les mots ont un pouvoir quasi-hypnotique. Nous allons réapprendre à parler. Nadège confie pour commencer quelques règles de base.

Toujours employer le présent, tout d’abord. C’est le temps de l’action, de « l’état de mise en possession » : « cette offre vous permet d’appeler en illimité… » donne ainsi au prospect l’impression de posséder déjà le forfait et de bénéficier de ses nombreux avantage. Le présent crée la sensation d’aller plus vite, d’avoir déjà réalisé l’achat.

Etre affirmatif, ensuite. « Plus je vais être affirmative, plus je suis sûre de moi et plus je rassure mon client », encourage Nadège. Conséquence directe : proscrire les interro-négatives, comme les impératifs d’ailleurs. Mieux vaut ainsi utiliser « Vous avez un instant à m’accorder ? », qui appelle un « oui » en réponse, que « Avez-vous un instant à m’accorder ? », qui laisse le choix.

De la même manière, remplacer « Ne quittez pas », par « Vous patientez un instant, je me renseigne ». Et, quand je signale que cette dernière proposition ne me convainc pas, il s’avère impossible d’en discuter : c’est comme ça, nous ne devons employer aucune formule négative, uniquement du positif. Ainsi, le client croit que ce que nous lui proposons ne présente aucun défaut. D’ailleurs, nous sommes bien embêtés quand le prospect explique qu’il a déjà eu des « problèmes » chez nous, et que nous voulons lui demander quels genres de « problèmes » il a eu, mais sans utiliser le mot « problème » parce que, évidemment, cela cautionnerait le fait qu’il en a réellement eus… des « problèmes ». Au début, on bafouille, après on répond du tac au tac : « Pouvez-vous m’en dire plus ? », ou, encore mieux, « Vous pouvez m’en dire plus ? ». Les mots et expressions « neutres » (« ne quittez pas », « ne vous inquiétez pas »), quant à eux, sèment le doute dans l’esprit de l’interlocuteur. Il suffit de le savoir.

Tant de mots nous font du tort… Alors qu’il faut, tellement simplement, « positiver l’acte de vente en entraînant le client dans une logique positive grâce à un discours maîtrisé ». Pour ne pas rompre cette spirale euphorisante, ne surtout pas s’excuser, ne pas se « permettre de rappeler », mais, plus directement, « proposer de rappeler », sur un ton dynamique qui ne laisse pas le choix. « On a toujours peur de déranger, c’est dans notre éducation », reconnaît Nadège. « Surtout chez nous, les Nordistes », opine Sonia.

Personnaliser l’échange

Dans le même registre, bannir « de rien », qui donne l’impression que tout ce que l’on vient de dire ne valait rien, pour privilégier « Je vous en prie ». Évidemment, finis les « voilà », « ok », « d’accord » -auxquels on préfèrera « tout à fait »-, et encore plus les « hmm ». Le télévendeur doit, au final, parler peu, mais efficace, sec et rapide. Si nous pouvons personnaliser l’échange en précisant « vos habitudes de consommation », « votre adresse », « notre offre » -plutôt que « l’offre Fixe26 », « nos services »-, c’est évidemment un plus. Sans trop en faire non plus : après avoir été appelé trois fois par son patronyme, le prospect est censé s’énerver. Et, si nous pouvons « comprendre » qu’un client soit mécontent, nous ne pouvons en aucun cas « être d’accord ». Du coup, nous « comprenons » énormément.

lundi 21 février 2011

Et si le gouvernement ne se souciait pas de l’emploi industriel ?

A lire dans www.vetements-made-in-france.com:

Female fashion designer pinning gray dress on model

L’incohérence du financement de l’assistance au lieu du financement de l’activité

Nicolas Sarkozy prétend que la suppression de l’ISF évitera les délocalisations et la fuite des capitaux comme il l’avait également promis lors de l’instauration du bouclier fiscal, mais aujourd’hui la production de la plupart des secteurs de l’industrie est déjà délocalisée ! Par ailleurs, les français ne sont plus dupes et selon le sondage IPSOS du 25/11/2010, 70 % de nos concitoyens ont compris que la crise ne faisait que commencer et 59 % d’entre eux pronostiquent une accélération des délocalisations qui s’accompagnera inévitablement d’une importante hausse du chômage. Aujourd’hui, les investisseurs s’intéressent surtout aux pays à bas coûts et qui peut encore croire que ceux-ci reviendront un jour financer l’industrie manufacturière française ou que les banques multinationales vont subitement décider d’investir massivement dans un pays au coût de main d’œuvre élevé. Cela n’arrivera probablement jamais et nous pensons que l’état ne doit pas soumettre l’avenir de l’industrie et de millions de nos concitoyens, au bon vouloir des investisseurs. De même, Il est anormal que la CDC (Caisse des Dépôts et Consignations) principal pourvoyeur de fonds du capital investissement et gestionnaire de 250 milliards d’euros d’argent public, n’investisse pas dans des projets manufacturiers créateurs d’emplois en France (courriers de l’Elysée et d’Augustin de Romanet, patron de la CDC et du FSI, sur notre site). Si le Gouvernement veut réellement relancer la croissance et faire baisser le chômage, il doit pour cela, financer de grands projets industriels manufacturiers, seules activités potentiellement créatrices de centaines de milliers d’emplois, au lieu d’entretenir la précarité avec plus de 100 milliards d’euros de dépenses pour l’emploi par an http://www.travail-solidarite.gouv.fr/IMG/xls/Tabl-DPE-2006-juill08.xls

En effet, un financement de l’état par l’intermédiaire de la CDC, permettrait de repenser notre industrie et de contribuer au financement des nouveaux outils de fabrication et de distribution de demain. Par ailleurs, le coût des dépenses par demandeur d’emploi est supérieur à 25 000 euros par an et l’économie pour la collectivité serait considérable. En outre, la CDC, pourrait rester propriétaire d’une part de ces nouvelles moyennes ou grandes entreprises jusqu'à leur rachat par l’entrepreneur ou par des tiers, comme dans la plupart des opérations de financement de création d’entreprise par capital investissement.

Selon vous, l’état peut-il continuer à dilapider l’argent des contribuables dans le puits sans fonds de l’assistance comme il le fait depuis de nombreuses années ou doit-il dès maintenant changer de politique et privilégier l’activité en permettant l’émergence de projets industriels manufacturiers créateurs d’emplois ? 

Le "NAIRU" est-il partiellement responsable de notre taux de chômage élevé ?

Le "NAIRU" (non accelerating inflation rate of unenployement) est le taux de chômage minimum indiqué pour chaque pays par l’OCDE afin d’éviter l’inflation. Le taux de chômage minimum préconisé pour la France oscillait ces dernières années entre 8.3 % et 9 %. En clair, l’OCDE et la BCE indiquent que le gouvernement doit maintenir au moins entre 8.3 % et 9 % de nos concitoyens au chômage. Plus le nombre de chômeurs, travailleurs à temps partiel et intérimaires est élevé avec pour conséquence des salaires qui stagnent ou reculent, plus les capitaux sont valorisés et à l’abri de l’inflation. Le taux de chômage français est depuis de nombreuses années très élevé et faut-il penser qu’une attitude zélée de notre gouvernement puisse être l’une des causes de ces chiffres alarmants ? Il est légitime de s’interroger : Pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas davantage lutté ces dernières années contre les délocalisations ? Pourquoi ne favorise-t-il pas non plus l’émergence de projets industriels manufacturiers comme celui que nous lui soumettons depuis 2 ans et qui pourtant pourrait créer des milliers d’emplois ? Aujourd’hui notre pays est confronté à une crise de l’emploi sans précèdent avec 2 millions de personnes au RSA, 4.9 millions d’inscrits à Pole Emploi et Il serait peu compréhensible que le gouvernement continue à suivre encore des recommandations de "NAIRU". Alors incompétence ou volonté de maintenir du chômage ? Si le gouvernement avait mené une politique sérieuse pour l’emploi, il est probable que le taux de chômage ne serait pas aussi éloigné du taux structurel que les économistes estiment généralement à 5% de la population active.

L’absence d’une vraie politique de l’emploi

Lorsque l’on examine le bilan de l’action du secrétaire d’Etat à l’Emploi depuis 2007, on ne voit qu’un recyclage de vieilles recettes d’aides à l’embauche qui n’ont jamais permis de freiner le chômage. Le bilan du ministre de l’Industrie, Christian Estrosi ne semble pas meilleur et on cherche en vain des mesures qui aient permis de créer ou sauver des emplois industriels. Pourtant, celui-ci a déclaré "Je suis fier de mon bilan" !

Laurent Wauquiez, qui s’est également délivré un généreux autosatisfecit pour sa politique de l’emploi, s’est surtout employé durant sa mission, à édulcorer constamment la situation dramatique du marché de l’emploi. Cette attitude politicienne a surtout eu pour effet de sous-évaluer les besoins financiers et matériels de Pole Emploi. Cet établissement public administratif qui n’a jamais bénéficié d’une image d’efficacité auprès des demandeurs d’emploi, a donc vu de surcroît ses effectifs submergés par une charge de travail multipliée par 2 ou 3 et des chômeurs plus que jamais confrontés à une administration qui les radient arbitrairement de plus en plus souvent et ne dispose que de très peu de temps pour les recevoir.

Nous avons adressé à Laurent Wauquiez, notre projet industriel et commercial de textile-habillement, potentiellement créateur de milliers d’emplois, mais sans doute peu soucieux du chômage des ouvrières du secteur de l’habillement, celui-ci à expédié notre projet à un autre ministère.

Laurent Wauquiez a semble-t-il préféré se consacrer à la signature d’accords dans les secteurs de la vente directe et de la sécurité, aussi incongrus qu’inutiles qui selon lui, devaient créer 100 000 emplois de vendeurs à domicile de produits "Herbalife", "Tupperware" ou abonnements divers et 100 000 emplois de vigiles.

Si l’emploi, et plus particulièrement l’emploi des jeunes et des seniors est réellement la priorité absolue du gouvernement ainsi que Nicolas Sarkozy et François Fillon l’ont encore affirmé en novembre 2010, il semble évident que l’état doit mobiliser des capitaux vers des projets industriels manufacturiers créateurs d’emplois, susceptibles de former un public jeune et de réemployer des seniors expérimentés au lieu de financer par le biais de la Caisse des Dépôts et Consignations, des projets qui ne créent la plupart du temps, que des emplois dans les pays à bas coûts ou l’achat inutile d’une chaîne de restauration rapide comme "Quick" pour 800 millions d’euros.

Les états généraux de l’industrie de 2010, qui nous apparaissent plutôt comme des états généraux de la désindustrialisation, ont défini des priorités qui précisément ne créent pas d’emplois industriels manufacturiers en France et condamnent à une disparition certaine, l’industrie du textile-habillement, autrefois secteur industriel offrant le plus grand nombre d’emplois, au profit du secteur du luxe et de celui de la création qui n’est pourtant qu’une composante de l’industrie de l’habillement. Le luxe est surtout représenté par des grands groupes qui, malgré des marges déjà indécentes, ont déjà délocalisé une part très importante de leur production et accélèrent encore ce rythme. Déjà, dans un article de challenges.fr du 28/06.2007, Maxime Koromystov, professeur à l’Institut commercial de Nancy et spécialiste des délocalisations dans le luxe, dévoilait : "le champ des marques de luxe "Authentiques" se réduit comme peau de chagrin. La part de la production délocalisée reste cependant impossible à chiffrer, 30 % ? 60 % ? 70%, voire plus ? Les estimations varient énormément selon le segment d’activité concerné ».

La délocalisation massive du textile habillement

Il semble que le gouvernement ait renoncé à sauver ce qu’il reste de nos industries manufacturières françaises qui employaient autrefois des millions de salariés. Il parait se satisfaire aujourd’hui de la vente de quelques Airbus ou centrales nucléaires à la Chine ou à l’Inde dont le transfert de technologie leur permettra à l’avenir de les fabriquer eux même. Pourtant il eût été plus avantageux pour notre économie et notre balance commerciale de garder nos usines au lieu de nous contenter aujourd’hui de quelques contrats qui ne compensent pas la délocalisation massive de notre industrie. Le déficit commercial de l’Europe avec la Chine s’élève à 200 milliards d’euros.

De même, Il est parfaitement illusoire et quelque peu naïf de penser que la Chine va offrir généreusement son marché intérieur à des entreprises françaises qui importeront leurs produits chez elle. La Chine a besoin d’emplois et de croissance et demain encore davantage qu’aujourd’hui, ce seront des entreprises chinoises qui produiront ses biens de consommation. Actuellement, les entreprises françaises qui veulent s’installer sur le sol Chinois sont obligées de signer un « joint-venture » avec plus de 51 % de parts consenties à leurs associés locaux et de nombreuses entreprises françaises ont été évincées après avoir livré leur savoir-faire. Les quelques grands groupes français bien implantés, fabriquent avec de la main d’ oeuvre locale et payent leurs impôts et taxes sur place et cela ne rapporte rien à la France. 

Il faut remonter quelques années en arrière pour comprendre comment l’industrie du textile-habillement a pu être réduite à néant en quelques années.

En 2002, Guillaume SARKOZY, fervent partisan des délocalisations, Président de l'UIT (Union des Industries Textiles), Vice-président du MEDEF et dont le frère, Nicolas SARKOZY occupait alors, le poste de Ministre de l’Economie, déclarait "Je suis fier d'être un patron industriel qui délocalise, assez de faux semblants : la perte d'emploi, la déstabilisation industrielle, c'est normal, c'est l'évolution." (L'Expansion 28/11/02). Une telle déclaration ne pouvait qu’encourager les dernières entreprises de textile et d’habillement à délocaliser.

En avril 2004 à Shanghai, au moment ou l’industrie du textile s’apprêtait à perdre encore 17 000 emplois lors de la fin des quotas textiles de janvier 2005, Jean Pierre RAFFARIN (UMP), alors Premier ministre estimait que la Chine était "un acteur responsable de l’économie mondiale", laissant ainsi entendre qu’elle pourrait auto limiter ses exportations textiles en pleine expansion. (Source : TF1 news 24 avril 2005). 6 ans ½ plus tard, les dizaines de milliers d’ouvrières licenciées ont pu apprécier !

L’ami candide de la Chine, ne devrait ignorer que ce concurrent économique qui a broyé notre industrie avec l’aide des industriels français et la bénédiction des derniers gouvernements, ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Le dévoué VRP de l’empire du milieu entend maintenant nous faire partager la conception des droits de l‘homme du pays de l’esclavage capitalo-communiste et tente de nous convaincre que seule l’Asie sera capable d’offrir un ’avenir aux jeunes générations et aux entreprises françaises. Sans doute ne sommes nous pas tous prêts à voir la France devenir un pays vassal, même si les dirigeants Chinois pensent déjà que nous sommes un pays faible, prêt à lui obéir et à renier nos valeurs pour obtenir quelques contrats.

L’indifférence du Gouvernement face à un projet de création de plusieurs milliers d’emplois

Nous travaillons depuis plus de 5 ans sur un projet de textile-habillement dont le modèle économique pourrait permettre de redonner rapidement du travail à plusieurs milliers d’ouvrières et pourrait créer à terme encore plusieurs dizaines de milliers d’emplois en France. Cela peut paraître ambitieux, mais il faut rappeler que ce secteur d’activité réalise actuellement un CA annuel de 41 milliards avec des articles majoritairement importés et employait auparavant 1 million de personnes en France. Depuis un an et demi, nous avons présenté notre projet à plusieurs ministères, secrétariats d’Etat, ainsi qu’au département de capital investissement de la Caisse des Dépôts et Consignations. Nous avons également rencontré des élus et des hauts fonctionnaires, mais malgré l’intérêt ou la curiosité que le projet a suscité, ces nombreuses démarches n’ont pas permis une avancée significative. Aussi, dans un courrier du 10 septembre 2010, nous avons demandé à Nicolas Sarkozy, de soutenir notre projet auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations (courriers et réponses de Nicolas Sarkozy et d’Augustin de Romanet , patron de la CDC et du FSI, sur notre site), mais l’Elysée a préféré " botter en touche" en adressant notre projet à un secrétariat d’Etat. Nous doutons que le Gouvernement veuille vraiment créer de l’emploi dans l’industrie manufacturière et accepte de financer l’activité. Le manque de suivi de notre projet industriel et commercial, nous porte à croire qu’il est plus probable que le gouvernement choisisse de continuer à financer l’assistance, qui pourtant a pour effet de maintenir les gens dans la précarité et la pauvreté, sources principales de délinquance et d’insécurité. A n’en point douter, la sécurité servira encore de thème central et récurent à la prochaine campagne présidentielle, au détriment de l’emploi, première préoccupation des français.

Francis Journot 

VETEMENTS MADE IN FRANCE

www.vetements-made-in-france.com

vendredi 18 février 2011

Les salariés francais "plus chers" que les allemands ?

A lire sur Apex.fr:

Alors que le débat public s’orientait vers l’inégalité fiscale et le bouclier du même nom, la diversion n’a pas tardé. Il fallait s’y attendre, à peine était-il établi que l’Allemagne faisait beaucoup mieux que la France en matière de croissance (+2,2% au deuxième trimestre 2010 pour l’Allemagne contre +0,6% pour la France), que le Medef et le gouvernement s’engouffraient dans une explication volontairement unilatérale : le "coût du travail".

"Ne pas voir, dit la présidente du Medef, que la question de la durée du travail a eu un effet sur la compétitivité de notre pays et a toujours un effet sur la compétitivité de notre pays, c'est vraiment refuser de voir une réalité en face". Et le patron de la majorité parlementaire de surenchérir en proposant d’abaisser les charges sociales et de transférer cette part de fiscalité sur la TVA. "C’est ce qui a été fait en Allemagne et qui a très bien marché". Sauf que la TVA est l’impôt le plus injuste socialement.

Problème pour le "modèle" allemand : voici que les syndicats allemands demandent de fortes augmentations de salaires après toutes ces années de retenue. Volkswagen vient de signer un accord prévoyant 3,2% de hausse générale et le versement d'une prime exceptionnelle de 500 euros. Le syndicat réclamait une hausse deux fois supérieure. Dans la chimie, la construction et les services publics, les syndicats réclament des revalorisations salariales de 5 à 7 %. Alors, moins chers les salariés allemands et jusqu’à quand ?

Amnésie patronale et gouvernementale

La responsabilité incomberait au coût du travail donc, autant dire aux salariés ! Mais pas aux entreprises, pas au patronat français, pas aux politiques économiques publiques, rien de tout cela ; juste un écart de performance dû au coût salarial….

Et pourtant !

  1. D’abord l’histoire de l’économie française. L’industrie française est très polarisée sur les filières dépendantes de l’intervention diplomatique de l’Etat (Areva, Alstom, EADS, etc.) au détriment de filières plus exposées comme l’aluminium (la débâcle de Péchiney) ou la sidérurgie (Arcelor). C’est l’histoire du capitalisme français, de son patronat, de ses banques qui fait que parmi les vingt plus grands groupes français on n’en compte que trois qui soient de caractère industriel alors qu’en Allemagne huit groupes industriels se placent dans le top 20. Historique aussi, le sous-investissement de l’économie française qui porte d’abord préjudice aux branches industrielles. Ce qui nous renvoie vers deux explications convergentes : d’une part les pratiques bancaire en matière de crédit aux PME et d’autre part l’attrait du capitalisme français pour les activités nécessitant peu d’immobilisations de capital et favorisant un retour plus rapide sur investissement, c’est-à-dire les services. À qui la faute ?
  2. Un Etat obsédé par la notion de "multinationales… françaises". L’idéologie impériale domine l’intervention des pouvoirs publics envers les secteurs économiques. C’est l’histoire de l’arroseur arrosé. A force de vouloir édifier des leaders mondiaux en choisissant "les secteurs stratégiques sur lesquels concentrer nos efforts" (discours de N. Sarkozy, Charleville-Mézières 18/12/06) on se retrouve avec un tissu industriel trop dépendant de l’organisation mondiale de « nos champions nationaux ». Car, engagée dans sa "multinationalisation", une entreprise vouée aux seules lois de la compétitivité ne peut que poursuivre sur cette trajectoire. C’est alors un vœu pieu que de vouloir la ramener à des préoccupations d’aménagement du territoire et d’emploi. La France et l’Allemagne ont placé différemment le curseur entre tissu industriel national exportateur et déploiement mondial des entreprises. À qui la faute ?
  3. La question de la compétitivité par l’innovation et la recherche. Un rapport d’information de l’Assemblée nationale en juillet 2010 rappelait que "si la France est en tête des pays de l’OCDE pour l’effort public de recherche avec 1% du PIB, l’économie française souffre du retard important de l’effort privé de recherche (1,1% du PIB) par rapport à de nombreux pays (…) L’effort des entreprises françaises stagne sur une longue période, alors que dans le même temps son intensité a augmenté dans la plupart des autres pays". Alors que la France dépense environ 2% (en 2007) de son PIB en R&D (en dessous de la moyenne de l’OCDE), l’Allemagne elle en dépense 2,5% ; et la France compte 25% de chercheurs de moins (216.000 contre 291.000) que son voisin allemand. À qui la faute ?

Voici trois problèmes de fond soigneusement écartés du débat public afin de ne focaliser l’attention que sur le coût du travail. Trois points qui renvoient à une histoire longue, à des données structurelles du capitalisme français et pas à des effets conjoncturels, seraient-ils salariaux.

La tentation de copier l’Allemagne

Alors que le coût salarial en France était inférieur au coût salarial allemand au début des années 2000, il s’en est rapproché progressivement au cours des sept dernières années. La priorité aux exportations en Allemagne a eu pour contrepartie un gel de la consommation privée.

Le rattrapage en matière de coût effectivement résulte de la moindre progression des revenus nets (2,5% en moyenne annuelle en Allemagne, contre 2,8% en France), des prélèvements assis sur les salaires (1,5% contre 2,7%) et de la baisse du nombre d’heures travaillées en France.

Si l’Allemagne a pu mener une telle politique – hormis ce que cela suppose de défaites sociales pour les salariés – c’est que le ressort de sa croissance est depuis longtemps l’exportation. Alors que son voisin français, moins exportateur pour des raisons tenant à l’histoire de son patronat, dépend très fortement de la consommation intérieure pour la croissance de son PIB.

Du simple point de vue de l’économie française, la tentation de copier l’Allemagne serait donc catastrophique. Du moins en s’attaquant au salaire direct, c’est-à-dire au pouvoir d’achat immédiat. En Allemagne, la part des salaires dans le revenu national est passée de 72% en 2000 à 66% en 2010 !

D’où la proposition d’un responsable de la majorité parlementaire de "baisser les cotisations sociales, qui ne sont payées que par quelques-uns, et faire un transfert sur la TVA, qui est elle payée par tout le monde". Sauf que la TVA est l’impôt le plus injuste socialement, que son augmentation aurait un impact sur la consommation, et que tout cela éroderait un peu plus notre protection sociale.

L’Europe, toujours l’Europe

Aujourd'hui, le premier client de l'Allemagne reste de loin la France (10 % des ventes). Viennent ensuite les Etats-Unis, les Pays-Bas, l'Italie et le Royaume-Uni, la Chine n'arrive qu'en sixième position, à égalité avec l'Autriche. De 2000 à 2009 la croissance annuelle moyenne des exportations allemandes vers l’Europe et celle des exportations vers le reste d’un monde ont été approximativement les mêmes (8,2% et 8,5% ; source : OCDE, International Trade - Harmonised System). Mais les premières sont supérieures aux secondes des deux-tiers ! La conclusion est que le dynamisme des exportations allemandes vers le reste du monde ne peuvent pour le moment compenser leur ralentissement en Europe.

C’est donc sur le marché européen que se joue d’abord la « compétition » franco-allemande. Le modèle d’export allemand est d’abord un « modèle européen » plutôt cohérent, de spécialisations partielles et qui a par ailleurs permis au capitalisme français de s’adonner à son sport favori, celui des champions mondiaux dans les "secteurs stratégiques" (dixit le Président de la République). A l’arrivée, la France réalise moins de 3% de la production mondiale de la machine-outil, dominée par le Japon et l’Allemagne et en Europe, une machine outil sur deux est d’origine allemande ou italienne. Mais la France a Total, Arkema, Air Liquide… LVMH et PPR-Gucci.

Une autre dimension des spécialisations françaises et allemandes concerne le positionnement de gamme des exportateurs. La part de marché allemande est en moyenne double de celle de la France dans le bas de gamme ; dans le haut de gamme, la part de marché allemande est triple. Les pertes relatives de parts de marché ne se différencient pas fondamentalement, entre France et Allemagne, d’une gamme à l’autre, sur les marchés extracommunautaires. Par contre sur le marché intracommunautaire, l’Allemagne gagne des parts de marché dans le haut de gamme, tandis que la France régresse (source : Performances à l’exportation de la France et de l’Allemagne. Rapport. Lionel Fontagné et Guillaume Gaulier).

Question à Madame Parisot et à quelques autres : quel rapport entre ces tendances historiques et le coût du travail qui fut jusqu’au milieu des années 2000 de toute manière plus élevé en Allemagne qu’en France ?

Alors plus chers ou pas ?

S’il est certain que l’Allemagne a nettement resserré sa politique salariale, abaissant ses prix de revient, encore faut-il préciser un certain nombre de choses. D’abord, l’écart compétitif ne peut sérieusement jouer que dans les branches où la masse salariale pèse lourd dans les coûts d’exploitation. Ensuite, s’agit-il du coût horaire moyen ? Du coût salarial global ? Des rémunérations brutes annuelles et des cotisations patronales ? De la seule industrie, de celle-ci et des emplois de service qui lui sont liés, ou encore de toute l’économie ?

L’affaire est un tout petit peu plus compliquée que les bobards de Madame Parisot qui cherche d’abord à exonérer le patronat français de ses responsabilités économiques. C’est ce que montre – sérieusement elle - une note de la Commission des comptes de la Sécurité sociale de juin 2010 (voir ici).

De bien misérables arguments

Expliquer l’affaiblissement de la production nationale et de ses positions exportatrices par l’argument du coût salarial relatif à l’Allemagne est un mensonge. Si l'Allemagne a pu traverser la crise quasiment sans perdre d'emplois, malgré un recul de 4,9 points de son PIB en 2009, c'est notamment parce qu'elle a fortement réduit le temps de travail par du chômage technique. La France elle, licenciait !

Le Medef s’attaque à nouveau au temps de travail, au contrat de travail et aux salaires. Madame Parisot croit savoir qu’en France on travaille 1 heure 12 de moins qu’en Allemagne par semaine… faux ! En intégrant le temps partiel (2 % des emplois en Allemagne, contre 13,3% dans l'Hexagone), un actif occupé travaille 164 heures de plus par an en France et avec une productivité horaire du travail (bien qu'en baisse depuis 2003) encore supérieure à celle de l'Allemagne.

Le patronat s’attaque à nouveau au niveau des cotisations sociales et cherche, comme en Allemagne, à transférer une partie de cette charge (surtout celle relevant de la santé) sur la TVA. En s’exonérant ainsi d’une partie du salaire, il en reporterait la charge sur l’impôt le plus socialement injuste.

Le modèle allemand est-il exportable en France ?

Voilà en tout cas un bel exemple de la manière avec laquelle le patronat et les politiques libérales se servent de la construction européenne. Même l’Allemagne joue maintenant son petit air de dumping social contre ses voisins ! Mais l’idée du copié-collé d’un soi-disant modèle allemand est une impasse. L’allègement des charges par le biais d’une fiscalité de type TVA érodera le pouvoir d’achat et permettra en rien de surmonter, dans l’industrie notamment, les caractéristiques du capitalisme français.

jeudi 17 février 2011

Sortir de l’euro, et puis?

En janvier j’avais reçu cette article très intéressant dans la boite mail du Blog Economique et Social, mais le logiciel Anti-Spam à bloqué le message. Je ne l’ai découvert qu’il y a peu de temps. Aussi je vous propose cet article fondamentalement intéressant : Sortir de l’euro, et puis ? Par Rudo de Ruijter, Chercheur indépendant, Pays-Bas

L'euro est une monnaie très pratique, mais elle fait des millions de victimes. Cet article explique d’une  façon simple pourquoi l’euro ne peut pas marcher et expose les avantages d’un passage vers un système d’argent d’État.

- Non, la coopération Européenne ne s’arrêtera pas sans l’euro!

- Et oui, nous serions bien mieux avec de l’argent d’État!

L’euro a un problème insoluble. Les pays qui sont sévèrement endettés maintenant, s’ils réussissent à s’en sortir à coups de réductions de dépenses d’État, s’endetteront de manière prévisible à nouveau.

C’est parce que ces pays sont victimes d’un défaut fondamental dans l’euro. Déjà avant le démarrage de l’euro des économistes ont averti, qu’une monnaie unique ne peut fonctionner que lorsque tous les pays participants sont économiquement homogènes. [1] [2] [3]

En ce moment il n’y a rien qui empêche des consommateurs Grecs de préférer des produits d’Allemagne meilleurs et moins chers. Et lorsque la Grèce importe plus qu’elle n’exporte, ses dettes augmentent. La même chose vaut pour tous les pays moins productifs dans la zone euro. Ils pourront réduire leurs dépenses autant qu’ils voudront et privatiser toutes les infrastructures, mais la prochaine crise de dettes ne sera jamais loin!

Voici pourquoi. Lorsque les consommateurs dans des pays moins productifs préfèrent des produits importés moins chers et meilleurs, la dette extérieure augmentera, tandis que la productivité du pays diminuera. Lorsqu’un pays dispose de sa propre monnaie, il peut la dévaluer. Cela augmentera le prix des produits importés et diminuera le prix de ses propres produits à l’exportation. La dette diminuera et la productivité augmentera de nouveau. Des dévaluations étaient habituelles avant le début de l’euro.

Avec l’euro les dévaluations ne sont plus possibles et les pays finissent coincés dans les dettes. Mais lorsque les pays signent pour faire part de la zone euro, ils s’obligent à réduire leur dette publique en dessous de 60% de leur produit national brut (PNB) et leur déficit fiscal en dessous de 3% du PNB. Lorsqu’ils dépassent ces limites les autres pays considèrent cela comme un danger pour la stabilité de l’euro. Ces autres pays imposeront des sanctions au gouvernements endettés pour les obliger à prendre des mesures adéquates (comme si une solution durable existait) et si cela ne fonctionne pas, ces autres pays fourniront des prêts (qui, soit dit en passant, augmentent la dette extérieure!), accompagnés de conditions sévères, comme des réductions de dépenses publiques – licenciements de fonctionnaires, coupures dans les budgets d’éducation, de culture, d’affaires sociales, de l’armée etc. – et des obligations de vendre des propriétés d’État et des infrastructures et services publics! (Méfiez-vous, lorsque vous entendez dire des politiciens de pays plus riches, qu’ils vont aider les plus faibles!)

Ce n’est pas un hasard que ce soit la Grèce, l’Espagne et l’Irlande qui sont touchés le plus sévèrement aujourd’hui. Économiquement ces pays ne peuvent être comparés à un pays comme l’Allemagne. Dès qu’une crise frappe la zone euro, il devient clair que la zone n’est pas homogène; il y a des pays forts et des pays faibles. L’Europe est composée de pays très différents avec des économies très différentes avec des potentiels de productivité très différents.

En fait, il est impossible d’utiliser une monnaie unique dans une zone si hétérogène comme les 27 pays de la zone euro. Malgré les avertissements des économistes, les politiciens ont décidé de l’introduire quand-même. Pour les partisans ce n’était qu’une question d’inventer des règles de jeu et de convaincre les pays de signer des accords, comme quoi ils se tiendraient à ces règles. Eh bien, on peut mettre des signatures sur des bouts de papiers, mais cela ne rend pas possible ce qui ne l’est pas. Aujourd’hui, 20 des 27 pays ne peuvent satisfaire aux exigences budgétaires. [4]

Les différences en productivité ne sont pas que temporaires. Des différences intrinsèques sont relatées au climat local, à la situation géographique, à la fertilité du sol, à la présence d’eau et d’énergie, aux distances à couvrir, aux difficultés de transport et à d’autres choses invariables. Ils déterminent en grande mesure l’échec ou la réussite d’activités économiques. Chaque pays a développé sa propre économie typique, l’un s’appuyant un peu plus sur l’agriculture, l’autre sur l’industrie lourde, encore un autre sur le transport naval et le commerce etc. Pour ces raisons une “politique financière d’ensemble” ne pourra jamais convenir à tous les pays.

L’exemple du dollar?

Souvent on mentionne les États –Unis comme exemple d’un “succès” d’une zone à monnaie unique. Cependant, une différence cruciale est que là-bas tout le monde parle la même langue et ainsi les gens peuvent déménager beaucoup plus facilement vers les endroits où il y a des activités économiques. En Europe la mobilité internationale du travail est relativement restreinte, pas seulement à cause des barrières linguistiques, mais aussi parce que nous avons de vieux pays avec des gens qui sont enracinés dans leurs traditions et cultures.

Ceci étant dit, on peut se demander si l’on peut appeler le dollar un succès d’une monnaie unique. [5] Depuis1973 les États-Unis ont importé beaucoup plus qu’ils n’ont exporté et avec une dette spiralante et non maîtrisable le pays vit comme un parasite qui se nourrit de quasiment tous les pays du monde. L’exemple du dollar serait plutôt une preuve, qu’une monnaie unique dans une zone hétérogène n’est pas possible sans une exploitation massive d’autres pays.

Sortir de l’euro?

Comprendre que l’euro ne peut pas marcher est une chose. La suivante est encore plus importante. Je démontrerai, que retourner simplement vers nos monnaies antérieures est une très mauvaise solution. Certes, nous aurons de nouveau besoin de monnaies nationales, mais si nous voulons éviter les erreurs du passé, nous aurons besoin d’argent émis par l’État. (Ce qui est d’ailleurs comme la plupart des gens pensent que c’est aujourd’hui.)

Pour comprendre pourquoi de l’argent d’État est si important, nous devons comprendre ce qu’est l’argent et comment cela fonctionne. L’argent actuel n’est ni mis en circulation, ni géré par le gouvernement. Au lieu de cela – et pour beaucoup de gens cela peut sembler incroyable – quasiment tout l’argent qui existe aujourd’hui a été mis en circulation par des banques commerciales de façon secrète (et trompeuse). En fait, vous n’avez pas d’argent sur vos comptes bancaires, mais juste des chiffres. Ces chiffres sont une “illusion d’argent”. Sur votre relevé bancaire il est mentionné combien le banquier vous doit, mais cet argent n’existe pas, à part une fraction minuscule. Bien sûr, tant que vous pouvez payer avec ce faux argent, cela vous est égal. [6] Néanmoins, comme je démontrerai ci-dessous, c’est cette tromperie dans le système bancaire, qui permet aux banquiers de faire gonfler la masse d’argent de façon permanente, ce qui forme un danger pour notre société. Les banquiers ont corrompu toutes les monnaies du monde avec leurs tours de comptabilité secrets. L’euro n’est pas une exception.

Le secret de l’argent

Aujourd’hui, moins de 5% de tout l’argent est du vrai argent sous forme de billets et pièces. Le reste a été artificiellement créé par les banques et n’existe que sous forme de chiffres sur des comptes bancaires. Quand vous empruntez de l’argent à la banque, le banquier ne vous prête pas de l’argent existant. Au lieu de cela il crée un nouveau montant, simplement en tapant des chiffres sur votre compte. Ensuite vous payez des intérêts sur cet argent nouveau. Souvent il s’agit de montants importants. Habituellement, quelqu’un qui paye sa maison en 20 ou 30 ans paye à peu près autant d’intérêts que des remboursements. En fait il paye deux maisons. Une pour lui-même et une pour son banquier! [7]

Au moment que quelqu’un achète une maison, l’argent de son emprunt est viré sur le compte du vendeur. Celui-ci dépensera cet argent pour d’autres choses. Ainsi l’argent de l’emprunt commence à circuler dans la société. Tout argent dans la société a commencé comme un prêt. Chaque banquier collecte des intérêts sur l’argent qu’il a créé et tous les banquiers réunis collectent des intérêts sur tout l’argent qui existe. Si vous avez de l’argent dans votre poche ou sur votre compte, il y a quelqu’un quelque part qui paye des intérêts sur cet argent à un banquier. Lorsque quelqu’un rembourse son emprunt, l’argent, qui a été créé en le tapant dans son compte, est détruit en le déduisant de ce compte. À ce moment-là, cet argent n’existe plus.

Tout l’argent est donc temporaire. Le montant total existant représente la part des prêts emis encore à rembourser. Cela veut dire, que le montant d’argent total dans la société est un montant hasardeux. Il n’a rien à faire avec les besoins de la société pour l’échange normal des biens et services.

Inflation éternelle

Encore pire, les banquiers fournissent de plus en plus de prêts et ainsi ils créent de plus en plus d’argent. Quand on utilise plus d’argent pour acheter un même nombre de biens et de services, la valeur de chaque unité d’argent diminue et les prix augmentent. C’est l’inflation bien connue. [8] Le chef d’orchestre de cette inflation est le banquier central. Quand il baisse son taux d’intérêt, il indique aux banques qu’elles doivent accélérer la distribution de crédits (à taux plus bas les gens emprunteront plus et plus facilement) et, à l’inverse, lorsqu’il augmente son taux, la croissance de la masse d’argent ralentira.

Les banquiers ont besoin d’inflation

Les banquiers ont besoin d’inflation. [9] Lorsque la création d’argent s’accélère, il devient plus facile pour l’emprunteur de gagner les sommes dont il a besoin pour payer sa dette. C’est un avantage pour l’emprunteur, mais également pour les banquiers. Cela garantit moins de défauts de paiement.

Le fait que le principal du prêt aura diminué en valeur au moment où il est remboursé, ne nuit pas le banquier. En effet, les montants remboursés pour le principal ne continuent pas à exister. Rappelez-vous, que le banquier a créé ce montant en le tapant dans un compte et le détruit au moment du remboursement en le déduisant de ce compte.

Quant aux intérêts c’est une autre histoire. Ces intérêts ne font pas partie de l’argent que le banquier a créé pour le prêt et ces montants ne disparaîtront pas au moment où ils sont payés. C’est les bénéfices du banquier! Il est vrai que leur valeur aura diminué à cause de l’inflation. Mais n’ayez pas pitié du banquier. Vous pouvez être certain qu’il a vu ce problème d’avance et qu’il a haussé son taux dès le départ pour compenser cette dévaluation.

Pas de possibilité pour une société durable

L’inflation a encore un autre aspect important. Si nous ne voulons pas nous apauvrir, nous devons travailler toujours plus pour compenser la perte de la valeur de notre argent. C’est la raison pourquoi l’inflation cause de plus en plus d’activité économique. Autrement dit, avec un système bancaire inflationniste il ne sera jamais possible d’atteindre une société durable et équilibrée.

Pouvoir financier

La masse d’argent toujours croissante crée une situation dans laquelle tout devient achetable, même l’État. Dans beaucoup de pays des groupes financiers ont déjà acheté des services publics pour les transformer en un fleuve de profits continuels: les services de distribution de gaz, d’électricité et d’eau, les transports publics, les postes, le téléphone et des tâches de gendarmerie, les prisons, la santé publique, les services de collecte de déchets etc. Ceci est un procès continuel. Les banquiers et l’élite financière prennent de plus en plus de décisions d’investissements qui donnent forme à notre société et l’État en prend toujours moins.

Ceci a des conséquences. L’argent et le profit déterminent aujourd’hui ce qui est “bon” pour notre société. Mais ce n’est pas tout. Puisque le gouvernement fournit de moins en moins de services à ses citoyens, elle perd la reconnaissance d’autorité naturelle. Au lieu d’être une institution qui prend soin de sa population, le gouvernement est en train de devenir un squelette, qui a besoin de plus en plus d’oppression pour faire respecter des décisions de courte vue et pour le court terme. Au lieu d’être le garant des libertés individuelles, le gouvernement autorise, et même favorise, que tous les citoyens soient mis sous surveillance électronique, effectuée aussi bien par des organisations d’État que des privées, avec des milliers de caméras, reliées à des bases de données interconnectées. Le KGB était une école maternelle, comparé à la surveillance électronique rapidement croissante d’aujourd’hui.

L’euro

L’euro est une monnaie appartenant à la Banque Centrale Européenne (BCE) à Frankfurt. [10] La BCE appartient aux banques centrales des pays participants. [11] Malgré leurs noms, qui ressemblent à ceux d’institutions d’État (Deutsche Bundesbank, Banque de France, etc.), elles sont toutes indépendantes du gouvernement et la plupart sont dirigées par des conseils privés. [12]

Malgré son caractère privé, la BCE est un organe officiel de l’Union Européenne. Grâce à l’article 7 du Système Européen des Banques Centrales (SEBC) et l’article 107 du Traité de Maastricht, la BCE jouit d’une indépendance totale. [13]

Notez, que cette indépendance ne provient pas de quelque nécessité logique ou organisationnelle, mais est purement issue de la croyance, que seuls des banquiers centraux indépendants sont capables de gérer le système d’argent convenablement. Eh bien, si nous ne mettons pas en question cette croyance aujourd’hui, quand le ferons-nous? [14]

Le gouvernement Européen

La Communauté Européenne a débuté comme la Communauté Économique Européenne (CEE) en 1957. Dès le départ il a manqué de gouvernance démocratique: le parlement n’avait qu’un rôle consultatif. (Et c’est toujours le cas à ce jour!) Le Conseil est composé de représentants ministériels des pays participants. Par contre, la Commission n’a pas de liens avec les gouvernements nationaux et constitue un pouvoir supranational. Les buts de la CEE étaient la coopération économique et politique entre la France, l’Allemagne, l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg.

En 1967 une concentration de pouvoir a eu lieu, lorsque la CEE a absorbé l’Euratom et la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier. Par ailleurs, les droits de veto des pays individuels étaient abolis dans beaucoup de domaines. Lorsque ceci fût réglé les banquiers sont entrés. En 1970 Pierre Werner, un banquier Luxembourgeois influant [15] , a préparé les plans pour la monnaie collective.

Bretton Woods

Pierre Werner était l’un de participants à la Conférence de Bretton Woods en 1944,  qui était fortement dominée par l’esprit agressif de la Seconde Guerre Mondiale. Lors de cette conférence les principes ont été décidés pour le commerce et la finance mondial. Dorénavant les pays devaient accorder leur monnaie au dollar et garder leur taux de change stable. Cela était bénéfique pour le commerce et la finance international. En fait, ce que ce principe exprimait, c’est que l’aisance pour le commerce et la finance international était plus importante que la faculté des pays de pouvoir s’adapter à l’environnement international changeant. Implicitement, par ce même accord, les États-Unis étaient proclamés “maître du monde”, puisque tous les pays auraient à adapter leurs taux de change au dollar, tandis que les États Unis pouvaient faire ce qu’ils voulaient.

À cette même conférence le Fond Monétaire International (FMI) a été établi, de même que les précurseurs de la Banque Mondiale et l’Organisation Mondiale du Commerce. Les messieurs à Bretton Wood savaient fort bien, que les pays plus faibles souffriraient de leurs projets. Le FMI, et plus tard également la Banque Mondiale recevaient le rôle de fournir des crédits à ces pays. Ils étaient accompagnés de conditions sévères, comme des réductions de dépenses publiques, ce qui entaîna généralement de graves conséquences pour l’éducation et la santé publique. Dans la pratique le FMI et la Banque Mondiale noyaient les pays en développement dans des crédits. Les dettes de ces pays devenaient alors tellement élevées, qu’ils ne pouvaient plus payer les intérêts et donc encore moins les remboursements. Et dès qu’un pays se trouvait dans une position sans issue, il était obligé de vendre tout ce qu’il avait (particulièrement ses minerais et son pétrole) le plus souvent à des entreprises des États-Unis. [16]

Prêts de l’étranger

Bien que la Banque Mondiale ait enseigné le contraire à ses employés, les crédits étrangers forment la plus mauvaise manière pour aider un pays en difficulté. La seule chose qu’il peut faire avec de l’argent étranger c’est acheter des produits à l’étranger et s’endetter davantage. [17]

Uniquement dans le cas où un pays a vraiment besoin d’une machine ou d’autre chose qu’il ne peut fabriquer lui-même et où, en outre, le fournisseur refuse la monnaie du pays, un prêt de l’étranger peut être justifié.

Libre mouvement de capital

Et que signifierait Euroland pour les banquiers? Les banquiers perdraient une source de revenues importante: les commissions sur l’échange des nombreuses monnaies nationales. Mais ils gagneraient une source de revenus bien plus importante: le libre mouvement de capital. C’était une pré-condition pour une monnaie unique. Grâce à cela les banquiers pouvaient facilement fournir des prêts partout où des bénéfices pouvaient être faits.

Le boom de la construction en Europe du Sud

Internationalement les banquiers ont convenu d’un nombre de règles pour eux-mêmes, qui fixent des limites au montant total des prêts qu’ils peuvent émettre par rapport à leur capital. La norme est qu’ils doivent disposer d’au moins 8 euros de capital pour chaque 100 euros de prêts en cours dans le commerce et l’industrie. Cependant, pour la construction de maisons, ils peuvent prêter deux fois autant et donc collecter deux fois autant d’intérêts.  [18] Il y a peu de temps les banquiers pensaient encore que les prix des maisons ne pouvaient qu’augmenter et que les prêts pour la construction de maison étaient pour ainsi dire sans risque. Ainsi naissait le boom de la construction en Espagne, au Portugal, en Irlande et ailleurs. Ce que les banquiers oubliaient, c’est que pour rembourser les crédits leurs clients devaient pouvoir gagner de l’argent. Il aurait donc fallu également des activités économiques. Mais pour financer des activités économiques, comme de l’industrie et des commerces, les banquiers ne peuvent collecter que moitié autant d’intérêts...

Au secours!

La Grèce fait déjà l’expérience de ce que c’est d’avoir des “amis” Européens, qui arrivent avec des prêts et exigent simultanément des réductions énormes dans les dépenses publiques. Ces amis ont tellement de confiance dans leur solution, qu’ils ont fait entrer le chien de sauvetage enragé FMI pour avoir sa part dans la tragédie Grecque. [19] Notons en passant, que l’euro est maintenant “assisté” par le FMI. Rigolo, si ce n’était pas une réalité si tragique.

L’Irlande, le Portugal et l’Espagne se trouvent en difficulté aussi. Tant qu’ils restent dans l’euro, ils ne pourront pas dévaluer leur monnaie. L’euro fonctionne maintenant comme un taux de change invisible et imposé entre les différents pays. Les pays endettés ont un double problème. En premier lieu ils doivent réduire leurs dettes jusqu’au niveau convenu pour la zone euro et deuxièmement ils doivent éviter de s’endetter à l’avenir.

Le premier problème est généralement résolu avec des mesures extrêmement dures, comme des coupes dans les dépenses sociales et culturelles, dans l’éducation et la santé publique, puis le licenciement de fonctionnaires et la privatisation d’infrastructures (comme des aéroports Espagnols) et des services publics et, pour couronner le tout, une forte hausse d’impôts. Ces mesures sont agressives et très injustes pour les gens ordinaires, qui ne sont pas responsables de cette tragédie. Beaucoup de gens tomberont dans la pauvreté. Ont-ils une chance de s’en sortir?

Est-ce que les choses pourront aller mieux?

Pour en avoir une idée, il faut voir le deuxième problème. Comment peut-on éviter, que des pays moins productifs s’endettent? Eh bien, on ne peut pas. Il n’y a aucune manière pour empêcher que les gens dans de pays moins productifs importent plus qu’ils n’exportent. Il est même logique de supposer, qu’ils préfèreront acheter des produits moins chers et meilleurs importés de pays plus productifs de la zone euro. C’est le défaut fondamental de la monnaie unique dans un marché commun composé d’économies très hétérogènes.

D’après moi, les mesures dures que ces pays prennent en ce moment sont complètement inutiles, si ces pays ne quittent pas l’euro.

Mauvaises solutions

Une mauvaise solution serait de retourner vers la situation d’avant l’euro et de laisser les banquiers créer l’argent et de les laisser gonfler la masse d’argent avec leur inflation éternelle.

Il y a des gens qui pensent, que si les banquiers ne sont plus autorisés à créer de l’argent simplement en le tapant dans un compte bancaire, l’inflation s’arrêterait. La seule chose qui s’arrêterait est l’effet multiplicateur des avoirs bancaires. [20] Il est vrai, qu’on aurait alors du vrai argent sur nos comptes bancaires, mais, comme indiqué plus haut, les banquiers ont besoin d’inflation. Ils continueraient donc à fournir de plus en plus de prêts, mais au lieu de créer de l’argent du néant, ils devraient l’emprunter à la banque centrale. Celle-ci peut créer de l’argent indéfiniment. Et bien entendu, les banquiers feraient porter ce coût supplémentaire par leurs clients. Les prêts deviendraient plus chers et l’inflation ne cesserait pas pour autant.

Une autre mauvaise solution serait de choisir une monnaie basée sur de l’or. Bien que de pareilles monnaies aient existé dans le passé (aux États-Unis jusqu’en 1971), de l’argent basé sur de l’or a beaucoup de désavantages. Les pays sans mines d’or seraient obligés d’en acheter (c’est à dire, livrer des biens et services aux pays fournisseurs d’or) dans le simple but de disposer d’un moyen d’échange national. Et chaque fois que plus d’or arrive sur le marché, ils seraient obligés d’en acheter plus pour éviter que leur monnaie dévalue par rapport aux pays qui continuent à augmenter leurs réserves d’or. L’industrie des mines d’or détiendrait en bien des aspects un pouvoir supranational, même plus que la Réserve Fédérale aujourd’hui. L’or n’a pas de valeur stable. Son prix peut être influencé par ceux qui détiennent de grands stocks (comme ces industries des mines d’or et les banques centrales). Même de grands nombres de petits vendeurs et d’acheteurs, lorsqu’ils agissent par peur ou par avidité, peuvent influencer le prix. Encore plus qu’aujourd’hui l’or causerait des conflits, de l’oppression et des guerres.

Toute couverture de l’argent par des biens commerciaux, que ce soit de l’or, de l’argent ou autre chose, aura un impact sévère sur la monnaie en question, de même que sur le prix des biens commerciaux choisis.

La solution avec de l’argent d’État

La plupart des gens pensent que l’argent est émis par l’État. C’est ainsi que cela devrait être. L’argent doit appartenir à la société et non pas aux banquiers. C’est la seule manière d’obtenir un système d’argent honnête et un gouvernement qui ne dépend pas des banquiers.

En ce moment nous avons un système d’argent très onéreux, avec des banquiers qui, chaque année, augmentent leur capital avec des bénéfices gigantesques. Les banquiers diront, qu’ils ont besoin de ce capital pour le cas où ils doivent absorber des pertes. Ces pertes seraient alors à déduire du capital. Eh bien, objectivement, leurs capitaux sont énormes, mais simultanément ils ne couvrent qu’une fraction infime des prêts en cours. Si les pertes sont trop grandes, le capital aura vite disparu. Mais si nous regardons de plus près les accords internationaux entre banquiers, on constate, qu’ils ne peuvent même pas utiliser leur capital obligatoire pour absorber des pertes. S’ils déduisent quelque montant que ce soit du capital obligatoire, il y a immédiatement vingt fois plus de prêts sur leur bilan qui ne sont plus couverts par du capital. Donc, ce que nous voyons aujourd’hui, ce sont des banquiers qui, au lieu de subir leurs pertes, courent simplement voir le ministre des finances pour lui dire qu’ils ont besoin d’argent frais, puis qu’autrement ils n’auront plus assez de capital!

- Banque d’État

Eh bien, nous pouvons en finir avec ce système onéreux et malhonnête en créant une banque d’État, qui sera la seule banque autorisée à créer de l’argent dans le pays. Celle-ci créera l’argent nécessaire pour les prêts dans le pays, de même que pour l’avance des dépenses de l’État. Et quant aux banquiers privés, il leur serait désormais interdit de créer des avoirs sans disposer de l’argent correspondant. Si les banquiers veulent, ils pourront opérer comme intermédiaires entre la banque d’État et le public pour l’émission de crédits. Pour ceci ils recevraient une provision et non pas d’intérêts. Ils pourront également gérer les comptes clients au nom et pour le compte de la banque d’État. De cette façon les clients peuvent garder leurs comptes bancaires et hormis l’instant de la mutation vers la monnaie nationale, il n’y aura pas d’interruption dans les services de paiements interbancaires. (Dans le cas où les banquiers ne voudront pas coopérer, la banque d’État devra ouvrir ses propres guichets, par exemple dans les bureaux d’impôts.)

A côté de leur nouvelle fonction comme intermédiaire pour les prêts de la banque d’État au public, les banquiers pourront toujours réunir de l’argent existant pour former des fonds qui pourront être prêtés à intérêt. Puis qu’il s’agira d’argent existant, cela ne créera pas d’inflation.

- Arrêt de l’inflation

Avec cette réforme le gouvernement dispose des moyens pour arrêter l’inflation. Disposer des moyens ne veut pas dire, qu’il faut le faire. Il est plus probable, que les gouvernements freineront l’inflation progressivement, lorsque pas à pas la philosophie de “l’avidité est belle” sera infléchie en “soin pour l’environnement et l’avenir”. Et quelle que soit la forme que cela prend, nous ne serons plus obligés de travailler tout le temps plus pour faire plaisir aux banquiers.

- Plus de dette publique

Si le gouvernement peut créer l’argent dont nous avons besoin, la dette publique peut disparaître.

La dette publique se forme lorsque le gouvernement fait des dépenses pour lesquelles les impôts correspondants n’ont pas encore été levés. En ce moment nous payons beaucoup d’intérêts pour les Bons du Trésor que l’État émet pour financer ces dépenses. Les banquiers aiment bien investir dans ces Bons du Trésor, comme ils délivrent des intérêts quasiment sans risque. Donc, d’un côté le gouvernement devait s’endetter pour sauver les banquiers et, de l’autre côté les banquiers reçoivent des intérêts sur ces mêmes dettes!

- Fonds de retraites complémentaires

D’autres profiteurs de la dette publique sont les fonds de retraite complémentaires, qui y puisent une partie de leurs revenus. Nos retraités sont payés pour une partie consistante de ces intérêts, qui, à leur tour, sont payés par les payeurs d’impôts. Une autre partie est payée par les primes de retraite de la population active. Donc, derrière la façade, qui fait penser que les gens mettent de l’argent de côté pour leur retraite, la majeure partie de l’argent que reçoivent nos retraités provient des primes et impôts payés par la population active.

En fait c’est assez logique. Si l’on stockait simplement de l’argent pendant des décennies et qu’on le liberait ensuite, on ne provoquerait que de l’inflation. Ce que l’on peut faire avec l’argent quand on est vieux dépend en grande mesure de la force de travail et de la productivité de la population active à ce moment-là.

Une autre partie des revenus de nos retraités provient de placements à l’étranger, où, pour le dire plus clairement, du travail de gens à l’étranger. Éthiquement c’est comme du colonialisme financier. Rien pour être fier.

C’est pour cela que ce serait plus logique d’avoir une caisse de retraite gérée par la banque d’État. Ou pour le dire différemment, la population active devra tout simplement accepter qu’elle doit prendre soin de la population âgée. Les citoyens, qui voudraient transférer leurs droits acquis dans les caisses de retraite privées vers la caisse d’État, doivent avoir la liberté de le faire.

- Intérêts

Beaucoup de gens trouvent, que les intérêts ne sont pas éthiques. Cependant, si une partie du produit des intérêts est utilisée pour absorber les pertes sur les prêts qui ne peuvent pas être remboursés, et quand le reste va au Trésor du pays, je ne vois pas d’inconvénient. Cette dernière partie diminuerait les impôts à lever.

Le gouvernement pourrait mettre en place des taux d’intérêts variés selon le secteur et le type d’investissements qu’il veut privilégier. Au lieu de conduire bêtement un seul taux d’intérêt, comme le font les banques centrales d’aujourd’hui, le gouvernement pourrait diriger les prêts et les investissements dans les directions nécessaires.

Les intérêts sont également un moyen utile pour inciter les emprunteurs de payer leurs dettes à temps.

- Riches et pauvres

Aujourd’hui, lors de la délivrance de prêts, les banquiers exigent un gage qu’ils peuvent saisir si l’emprunteur ne paye pas sa dette. De cette façon les riches peuvent toujours obtenir des prêts et investir plus facilement et donc s’enrichir davantage plus facilement. L’écart grandissant entre riches et pauvres est dangereux pour la société. La banque d’État n’a pas besoin de gages. On peut comparer les prêts qu’elle fournit avec des dettes d’impôts. S’ils ne sont pas remboursés, ils peuvent être traités de façon similaire. En principe, les pauvres pourraient emprunter et investir aussi facilement que les riches.

Comme expliqué plus haut, dans un environnement sans inflation il est plus difficile de rembourser des emprunts. Cependant, ceci sera compensé par le fait que les taux d’intérêts pourront rester plus bas, puisque nous n’aurons plus à contribuer à la capitalisation chère et inutile des banques privées. En outre, si nécessaire, des compensations supplémentaires peuvent être offertes aux emprunteurs via la politique d’impôts.

- Est-ce que ça coûte cher de quitter l’euro?

Quelques politiciens cherchent à effrayer les gens et prétendent que ce serait extrêmement coûteux de quitter l’euro et que cela mettrait le développement économique des années en arrière et ainsi de suite, etc. Eh bien, pour commencer, des pays n’arrêtent pas de commercer parce qu’un pays a quitté l’euro et a une nouvelle monnaie. Et si ce pays opte pour de l’argent d’État, les coûts sont principalement organisationnels et relativement minimes par rapport aux gains obtenus.

Tout l’argent nécessaire à la mutation peut simplement être créé du néant par la banque d’État. Tous les euros en circulation dans le pays pourront être achetés par la banque d’État par l’émission d’argent nouveau. Ces euros pourront être mis de côté comme réserve stratégique ou pour régler des importations.

Le gouvernement pourra racheter toutes les infrastructures essentielles et services publics du pays. La reconstruction d’entreprises nationales à partir des nombreuses entreprises privées et fragmentées dans les domaines de l’énergie, postes, téléphone, chemin de fer et autres mènera certainement à des services beaucoup plus fiables. Dans ces services essentiels la qualité et le client devraient avoir la priorité. Cela ne signifie pas un retour vers les entreprises d’État poussiéreuses d’autrefois. Des entreprises d’État peuvent parfaitement être gérées d’une façon moderne et efficace et, pourquoi pas, offrir des services bien meilleurs que n’importe quelle entreprise privée à la recherche de profits.

Je ne dis pas que tous ces changements sont faciles. Mais si nous voulons atteindre une société durable, où la démocratie et la liberté veulent encore dire quelque chose lorsque nos enfants et petits-enfants seront grands, c’est le chemin qu’il faut prendre.

- Résumé

La réforme, telle que je la vois, peut être résumée comme le schéma ci-dessous. Veuillez prêter attention aux notes sous le schéma.

Notes et références:

[1] Dans les études scientifiques sur le “optimum currency areas” (régions optimales pour une monnaie) nous pouvons distinguer des études centrées sur les conditions nécessaires et celles d’après 1970 (lorsque les politiciens avaient décidés qu’ils voulaient une monnaie unique), qui sont davantage centrées sur les coûts et bénéfices.

Roman Horvath and Lubos Komarek dans “OPTIMUM CURRENCY AREA THEORY: AN APPROACH FOR THINKING ABOUT MONETARY INTEGRATION” (2002)

(Traduction Française, voir en dessous.)

“It is possible to distinguish two major streams of the optimum currency area literature. The first stream tries to find the crucial economic characteristics to determine where the (illusionary) borders for exchange rates should be drawn (1960s-1970s). The second stream (1970s-till now) assumes that any single country fulfills completely the requirements to make it an optimal member of a monetary union. As a result, the second approach does not continue in the search for characteristics, identified as important for choosing the participants in an optimum currency area. This literature focuses on studying the costs and the benefits to a country intending to participate in a currency area.”

“Il est possible de distinguer deux courants majeurs dans la littérature sur les régions optimales pour une monnaie. Le premier courant tente de trouver les caractéristiques clefs pour déterminer où les frontières (imaginaires) pour des taux de change devraient être établies (années 60 et 70). Le deuxième courant (de 1970 jus qu’aujourd’hui) suppose que n’importe quel pays individuel répond entièrement aux exigences pour en faire un membre optimal d’une union monétaire. Par conséquent, la deuxième approche ne continue pas à rechercher les caractéristiques, qui ont été identifiées comme importantes pour choisir les participants dans une région monétaire optimale. Cette littérature-ci est centrée sur l’étude des coûts et bénéfices pour un pays qui a l’intention de participer dans une région [union] monétaire.”

http://wrap.warwick.ac.uk/1539/1/WRAP_Horvath_twerp647.pdf , page 7.

Friedman décrit les avantages de cours de change flexibles comme suit : « Comme on le constate habituellement, les prix et les salaires dans un pays sont relativement rigides et [ces] facteurs sont immobiles entre pays. Par conséquence, lors d’une demande négative ou d’un choc dans l’approvisionnement, le seul instrument pour éviter une plus grande inflation ou du chômage est un changement dans le taux de change flexible (ce qui veut dire réévaluer ou dévaluer la monnaie). Cela ramènera l’économie vers l’équilibre interne et externe initial. (...) Sous le régime de taux de change fixes, il y aurait toujours l’impact déplaisant du chômage ou de l’inflation. »

http://wrap.warwick.ac.uk/1539/1/WRAP_Horvath_twerp647.pdf , page 8.

[2] Yrd. Doç. Dr. Hüseyin Mualla YÜCEOL, Mersin Üniversitesi İktisadi ve İdari Bilimler Fakültesi, Maliye Bölümü, dans “WHY THE EUROPEAN UNION IS NOT AN OPTIMAL CURRENCY AREA: THE LIMITS OF INTEGRATION” (« POURQUOI L’UNION EUROPÉENNE N’EST PAS UNE REGION DE MONNAIE OPTIMALE : LES LIMITES D’UNE INTÉGRATION »)

« L’Europe n’est pas une région de monnaie optimale. Néanmoins, le 1er janvier 1999 onze pays de l’UE ont démarré une Union Monétaire Européenne en adoptant une monnaie partagée, l’euro, tandis que l’UE ne répond pas à tous le critères pour une région monétaire optimale. Aussi, joindre l’UE n’est pas la même chose que joindre l’euro, aussi bien pour les anciens et les nouveaux membres. »

http://eab.ege.edu.tr/pdf/6_2/C6-S2-M6.pdf , page 66

[3] Paul de Grauwe, parties d’un speech:

(Traduction Française, voir en dessous.)

“With up to twenty-seven members instead of the present twelve, the challenge for ensuring a smooth functioning of the enlarged Eurozone will be daunting. The reason is that in such a large group the probability of what economists call ‘asymmetric shocks’ will increase significantly. This means that some countries may experience a boom and inflationary pressures while others experience deflationary forces. If too many asymmetric shocks occur, the ECB will be paralyzed, not knowing whether to increase or to reduce the interest rates. As a result, member countries will often feel frustrated with the ECB policies that do not (and cannot) take into account the different economic conditions of the individual member countries. This leads us to the question whether the enlarged EMU will, in fact, be an optimal currency area.” (...)

“If a country is hit by negative shocks brought about by agglomeration effects, the wage cuts necessary to deal with these shocks will inevitably be very large. To give an example: If Ford Motor were to close down a plant in Belgium and to invest in Poland instead, the wage cut of Belgian workers that would convince Ford Motor not to make this move would have to be 50% or more given that the wage not feasible, then flexibility dictates that the Belgian workers be willing to move.”

« Avec vingt-sept membres au lieu des douze d’aujourd’hui, le défi pour s’assurer d’un fonctionnement fluide de la zone euro élargie sera terrible. La raison en est que dans un groupe si large la probabilité de ce que les économistes appellent des ‘chocs asymétriques’ augmente de façon significative. Cela veut dire, que certains pays peuvent avoir une hausse et une pression inflationniste, tandis que d’autres ont des forces déflationnistes. Si trop de chocs asymétriques surviennent, la Banque Centrale Européenne sera paralysée, ne sachant pas si elle doit augmenter ou réduire les taux d’intérêt. Par conséquence les pays membres se sentiront souvent frustrés par la politique de la banque Centrale Européenne, qui ne tient pas compte 9et ne peut pas tenir compte) les conditions économiques différentes dans les pays membres individuels. Cela nous mène à la question si l’Union Monétaire Européenne élargie sera une région de monnaie optimale. » (...)

« Si un pays est touché par des chocs négatifs causés par des effets d’accumulation, les baisses de salaires nécessaires pour gérer ces chocs seront inévitablement très importantes. Si Ford Motors fermerait une usine en Belgique et, à la place, investit en Pologne, les baisses de salaires des travailleurs Belges devraient être de 50% ou plus pour convaincre Ford Motors de ne pas déménager. Et vu que de tels salaires ne sont pas faisables, la flexibilité dicte que les travailleurs Belges accepteraient de déménager. »

http://mostlyeconomics.wordpress.com/2010/06/21/were-europes-curent-problems-never-imagined/

[4] NRC Handelsblad, le 3 juin 2010

“De Europese Commissie heeft op dit moment tegen 20 van de 27 EU-landen een procedure lopen omdat deze landen de interne begrotingsregels van de Europese Unie overschrijden.”

“La Commission Européenne a entamé des procédures contre 20 des 27 membres de l’Union Européenne, puisque ces pays enfreignent les règles budgétaires de l’U.E.”

http://www.nrc.nl/economie/schuldencrisis/article2558281.ece/Ambtenaar_betaalt_bezuiniging

[5] Julius Horvath in “Optimum currency area theory: A selective review”

Ghosh and Wolf (1994), for example, conclude the US is not an optimum currency area and tentatively suggest separate currencies for different parts of the United States.

Ghosh et Wolf (1994), par exemple, concluent que les États Unis ne sont pas une région monétaire optimale et tentent de suggérer des monnaies séparées pour différentes parties des États-Unis.

http://www.bof.fi/NR/rdonlyres/5C4E3CE4-0386-4FDB-886B-C276040CD183/0/dp1503.pdf , page 7

[6] Bien que ça en ait l’air, nous ne pouvons pas payer avec le “faux” argent sur nos comptes bancaires et cela ne se fait pas. Avec le tout petit peu de vrai argent qui reste, les banquiers réussissent à exécuter nos ordres de paiement. Pour une explication simplifiée, voyez  “Débit, crédit, banco!”, paragraph “Jongler avec les paiements”

http://www.courtfool.info/fr_Debit_credit_banco.htm

[7] Inflation et taux d’intérêt varienet énormément au cours du temps. Voyez graphique “US rates 1940-1999”  http://www.courtfool.info/US_inflation_1940_1999.htm  Ces taux ne montrent pas les frais supplémentaires, que les clients doivent souvent débourser pour obtenir leur prêts, comme des assurances. Des assurances réduisent les risques pour le banquier, donc augmentent ses bénéfices des prêts. Donc même si vous payez ces assurances à une compagnie d’assurances et non pas à votre banquier, elles forment une forme d’intérêts déguisés.

[8] L'inflation des prix mène au mécontentement de la population. C'est pourquoi beaucoup de pays utilisent un Indice des Prix à la Consommation (IPC), qui montre des chiffres plus agréables.

http://www.mw.ua/2000/2020/52764

  “… the reference value (4.5%) of m3 growth on an annual basis. This reference value for monetary growth is based on a potential economic growth of 2.0% to 2,5%, an inflation of less than 2.0% in the medium term and a long-term decline of the velocity of money by 0.5% to 1.0%, per annum.”

« ... la valeur de référence (4,5%) de la croissance de M3 sur une base annuelle. Cette valeur de référence pour la croissance monétaire est basée sur une croissance économique potentielle de 2,0% à 2,5%, une inflation de moins de 2% dans le moyen terme et un déclin sur la longue durée de la vitesse de l’argent de 0,5% à 1,0% par an. »

http://www.dnb.nl/dnb/home/file/ar03_tcm47-146939.pdf (page enlevée / ne plus accessible)

“In 2003, the money supply (m3) in the euro area grew at a rate of 8.0%, well above the official reference value of 4.5%.”

« En 2003, la croissance monétaire (M3) dans la zone euro était de 8%, bien au dessus la valeur de référence officielle de 4,5%. »

http://www.dnb.nl/dnb/home/file/ar03_tcm47-146939.pdf  (page enlevée / ne plus accessible)

Rappelez-vous, quand des politiciens, des fonctionairs ou le banquier central parle en public de l’”inflation”, ils veulent dire le changement dans l’Indice des Prix à la Consommation.

L'indice est basé sur une comparaison annuelle du coût d’un panier de produits pour un ménage « moyen ». Le contenu du panier varie d'un pays à l'autre, et il en est des même pour les méthodes pour calculer l’indice. Un pays peut inclure le coût de la nourriture, du carburant et du logement; un autre pays peut laisser ces coûts en dehors. http://bigpicture.typepad.com/comments/2005/09/the_history_of_.html

http://www.goldandsilverexchange.info/consumer-price-index.html

Certains pays publient les catégories de produits qu’ils ont dans le panier.  mais, en général, les produits précis restent secrets. Néanmoins, certains bureaux de statistiques révèlent quelques tours de passe-passe, qu'ils pratiquent pour obtenir des indices flatteurs. Par exemple, ils changent périodiquement le contenu du panier. Les produits dont le prix augmente trop en sont sortis et remplacés par d’autres meilleur marché. Ou, quand le prix d'un produit reste stable, mais que la qualité s'améliore, ils comptent l'amélioration de la qualité comme une baisse de prix. Ainsi, pour les ordinateurs dans le panier, le Bureau Central des Statistiques (CBS) au Pays-Bas compte une baisse de prix de 64 pour cent entre 1998 et 2003! Et voilà l’indice qui baisse !

http://www.cbs.nl/NR/rdonlyres/AB3F1E9D-EFED-4FD9-9393-E59F762D5C9B/0/2007gevoelsinflatieart.pdf

graphique page 6

http://www.cbs.nl/en-GB/menu/themas/prijzen/publicaties/artikelen/archief/2005/consumer-price-index-art.htm

Donc, le contenu du panier est adapté périodiquement. La justification est : « quand les prix montent, les ménages adaptent leurs achats aussi ». Et que signifie cette politique d’adaptation pour l'indice ? Eh bien, puisque le ménage moyen défini ne peut pas dépenser plus qu'il ne gagne, l’augmentation du coût du panier est automatiquement limitée à l'augmentation de ses revenus. L’ICP vous fera donc toujours croire que l’inflation ne dépasse pas l’augmentation des revenus.

Dans une région large et hétérogène comme la zone euro les pays ne seront jamais touchés de la même façon par des grands shocks comme la crise financière. Pour la BCE il est alors impossible de réagir avec une politique qui serait bonne pour tous les pays. La BCE sera contrainte de choisir une politique qui convient à certains, mais pas à d’autres. Et lorsque la politique monétaire n’est pas adaptée cela peut provoquer de grosses inflations. Dans ces cas aussi l’IPC fera de son mieux pour masquer la réalité.

[9] Le banquier central prend soin que l’inflation continue éternellement en guidant le taux d’intérêt.

[10] Les bureaux de la Banque Centrale Européenne sont à Frankfurt. C’est la ville historique des Rothschild. Des représentants des familles Rothschild et Morgan étaient à la base de la création de la Réserve Fédérale aux États Unis en 1913. (G. Edward Griffin in “The Creature of Jekyll Island”)

[11] Propriété BCE:

http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2009:021:0066:0068:EN:PDF , artikel 2.

[12] Par exemple, la banque centrale Néerlandaise c’est la Nederlandse Bank N.V. (DNB), où N.V. signifie Société Anonyme. C’est une forme juridique commune pour des entreprises avec un capital en actions. Aux Pays-Bas ces entreprises ont l’obligation de toujours mentionner N.V. avec leur nom. En 1929 une loi spéciale dispensait De Nederlandse Bank N.V. d’imprimer N.V. sur leurs billets de banque, permettant de câcher à la population que leur monnaie appartenait à une société anonyme.

http://www.dnb.nl/binaries/wo0649_tcm46-145952.pdf

The 4 members of DNB’s governing board, the day-to-day direction, are appointed by the Crown.

http://www.dnb.nl/en/about-dnb/organisation/governing-board/index.jsp

Of the 10 members of the supervisory board one member is appointed by the government.

http://www.dnb.nl/en/about-dnb/organisation/supervisory-board-and-bank-council/index.jsp

All these members have strong bonds in the economy.

http://www.dnb.nl/binaries/Raad%20van%20Commissarissen_tcm46-185323.pdf (in Dutch)

Of the 14 members of the bank council, one is the member of the supervisory booard who is appointed by the government. (Nevertheless, he is as independent from government as all others.)

http://www.dnb.nl/en/about-dnb/organisation/supervisory-board-and-bank-council/index.jsp

Notez, que pour la banque centrale il s’agit de pouvoir, influence et l’élargissement du bilan et, en règle générale, pas tant l’obtention de bénéfices, que beaucoup de banques centrales reversent au Trésor du pays.

[13] Indépendance des banques centrales: http://www.ecb.int/press/key/date/1997/html/sp970513.en.html

[14] Les banquiers centraux ont le pouvoir sur le système d’argent (et veulent le conserver). Une raison étant qu’ils ont désespérément besoin de maintenir l’inflation, car sans cela le système trompeur ne peut pas fonctionner. Comme expliqué, les banques feraient faillite très vite. Donc les banquiers centraux veulent le contrôle total sur le taux d’intérêt. Cependant, pour le monde extérieur ils prétendent vouloir exercer ce control, puisque les gouvernements ne seraient pas capables de mener une politique monétaire consistant sur le long terme. Ils réfère à une situation où un gouvernement a causé une grosse inflation. Des banquiers centraux se conduiraient de façon plus responsable (!) et donc avoir le controle sur le système d’argent sans aucune interférence du gouvernement. Voici un exemple de comment ils présentent la chose.

Alexandre Lamfalussy, President of the European Monetary Institute, at the Oesterreichische Nationalbank, Vienna, 13 May 1997

“Modern economic theory emphasises the inflationary bias in economic policy, which relates in particular to the so-called time-inconsistency issue, i.e. the problem of convincing the public that the monetary authorities will resist the temptation to stimulate output growth in the short run by creating "surprise inflation". Against the backdrop of negative past experience, the public is unlikely to have much faith in the authorities' promises to maintain low inflation. Unless these promises are underpinned by a credible form of pre-commitment, the equilibrium inflation rate will be higher than needed, with no better performance in terms of output and possibly even a deterioration. As a solution to this problem, it has been suggested that responsibility for monetary policy be separated from political control and to enshrine this in legislation. According to this view, central banks should be given the freedom to formulate and execute monetary policy in line with their primary objective as determined by the legislator, to whom they are accountable. Accountability may involve either a legal obligation for the central bank to give reckoning for the conduct of monetary policy or a commitment to explain its actions, for example, in regular reports and to parliament. This allows central banks to take a medium-term orientation and not to be distracted by short-term political motives, an approach which benefits the credibility, transparency and efficiency of monetary policy.”

http://www.ecb.int/press/key/date/1997/html/sp970513.en.html

[15] Pierre Werner était un banquier Luxembourgeois très influent. En 1944 il avait participé à la Conférence de Bretton Woods, qui donna le jour à la Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement (International Bank for Reconstruction and Develop­ment, IBRD), le Fonds Monétaire International (FMI) et les Accords Généraux sur la Tarification et le Commerce (General Agreement on Tariffs and Trade, GATT). En 1970 il était également Ministre des Finances et Premier Ministre du Luxembourg. Par dessus, en 1969, il avait présidé le Conseil de la Communauté Économique Européenne. http://www.terra.es/personal2/monolith/eu.htm

[16] John Perkins dans un interview on Talkstick TV (Traduction Française et lien YouTube, voir en dessous.)

"The fact of the matter is our job was to convince other countries to take very large loans [given by the World Bank]... Let's say a billion dollars to Ecuador to build big infrastructure projects: power plants, ... ports, highways, industrial parks. Things that didn't benefit anybody except the very wealthy people in those countries who were quite corrupt, and we corrupted them... 90% of that billion dollars would come back to the United States to pay for Halliburton, Bechtel, these types of companies to build the infrastructure.

Then the country would be stuck with this huge debt, which over time would continue to be refinanced and get larger and larger and larger. So that in fact today Ecuador owes more than 50% of its national budget just to pay down its debt service which means there's very little money left to pay for education and health services for the poor people who are the ones who suffer from these projects. It was their rivers that were destroyed when we built these hydro-electric plants, it was their land that was destroyed...

Now they're saddled with this incredible debt that they can't possibly pay. And so we go in and demand our pound of flesh, very much like the mafia... We need Ecuador's oil... We tell Ecuador, 'Since you can't pay off your loans, what you need to do is to turn over your Amazon to our oil companies... What it is all about is building empire. We've done this in every country around the world that has resources that we covet, often this is oil in places like Indonesia, Nigeria, Ecuador, Venezuela, and. Colombia. But sometimes its other resources, for example in Panama it was the Panama Canal. "

‘Le fait est que c’était notre travail de convaincre d’autres pays de prendre des emprunts très larges [ fournis par la Banque Mondiale] ... Disons un milliard de dollars pour l’Équador pour construire de grands projets d’infrastructures : centrales électriques, autoroutes, parcs industriels. Des choses qui ne profitaient à personne à part les gens très riches dans ces pays, qui étaient relativement corrompus, et nous les corrompions... 90% de ce milliard de dollars retourneraient aux États-Unis pour payer Halliburton, Bechtel, ce type d’entreprises qui construisaient l’infrastructure.

Ensuite le pays serait coincé avec cette dette énorme, qui avec le temps devait être refinancée chaque fois et devenir de plus en plus grande. De telle sorte qu’aujourdhui l’Ecuador doit plus de 50% de son budget national pour payer ces dettes, ce qui veut dire qu’il ne reste que très peu pour payer l’éducation et les services de santé publique pour les gens pauvres, qui sont les gens qui souffrent de ces projets. C’étaient leurs rivières que nous détruisions en construisant ces centrales électriques, c’étaient leurs terres que nous détruisions...

Maintenant ils ont cette dette incroyable sur les bras qu’ils ne pourront jamais payer. Et nous entrons et demandons notre livre de viande, assez semblable à la Maffia... On a besoin du pétrole d’Équador.. Nous disons à l’Equador : ‘Puis que vous ne pouvez pas payer votre dette, ce que vous devez faire c’est de livrer votre Amazone à nos compagnies de pétrole.... Tout cela, c’est pour construire un empire. Nous avons fait cela partout sur le globe dans tous les pays qui ont des ressources que nous désirons, souvent il s’agit de pétrole dans des endroits comme l’Indonésie, le Nigéria, l’Equador, le Vénézuéla et la Colombie. Mais quelquefois leurs autres ressources, par exemple, au Panama c’était le Canal de Panama. »

YouTube: http://www.youtube.com/watch?v=yTbdnNgqfs8

Joseph E. Stiglitz, in an interview in 2001:

"As the chief economist at the World Bank from 1997 to 2000, I have seen firsthand the dark side of globalization; ... how so-called structural-adjustment loans to some of the poorest countries in the world 'restructured' those countries' economies so as to eliminate jobs, but did not provide the means of creating new ones, leading to widespread unemployment and cuts in basic services..”

« Comme économiste principal à la Banque Mondiale de 1997 à 2000 j’était au premier rang pour voir le revers sombre de la globalisation ; ... comment des soi-disant prêts d’ajustement structurel à quelques-uns des pays les plus pauvres du monde restructuraient l’économie de ces pays pour en éliminer des emplois, mais sans en fournir les moyens d’en créer des nouveaux, menant à un chômage étendu et des coupes dans les services de base. »

http://secret-of-life.org/the-World-Bank-and-IMF

Voir également : THE IMF AND IRELAND: WHAT WE CAN LEARN FROM THE GLOBAL SOUTH

http://www.dublinopinion.com/downloads/Afri_Report_on_EU_IMF_Loan_Deal.pdf

[17] David C. Korten, in “One World--One World Government Bretton Woods or The United Nations?”

(Traduction Française, voir en dessous.)

“It was all so simple. The World Bank trained cadres of young economists, teaching them to believe that rapid development depends on foreign borrowing to supplement investment based on domestic savings. Few seemed to notice the obvious -- that when you borrow abroad you are borrowing foreign money that is only useful to buy foreign products, thus increasing your economy's dependence on imports. You are also building up foreign debts that can only be repaid by exporting ever more of your domestic resources and production. Almost inevitably you end up at the mercy of foreign lenders -- like the World Bank.”

« C’était tout tellement simple. La Banque Mondiale formait de jeunes cadres, leur inculquant que le développement rapide dépendait des prêts étrangers pour compléter des investissements basés sur l’épargne des ménages. Il n’y en avait que peu qui semblaient s’apercevoir de l’évidence – que lorsqu’on emprunte à l’étranger on emprunte de l’argent étranger, qui n’est utile que pour acheter des produits étrangers, ce qui n’augmente que la dépendance de votre économie sur des importations. Vous construisez des dettes extérieures qui ne peuvent être remboursées en exportant toujours plus de vos ressources et de votre production. Quasiment inévitablement vous finissez à la merci des prêteurs étrangers – comme la Banque Mondiale. »

http://www.ratical.com/co-globalize/ifg041400DK.html

[18] Les accords de Bâle

http://www.parl.gc.ca/information/library/PRBpubs/prb0596-e.htm

[19] NRC Handelsblad, 11 februari 2010

Le parlementaire Néerlandais Frans Weekers disait que la Grèce doit les problèmes entièrement à elle-même. Selon lui les Grecques ont « trompé et roulé » l’Union Européenne pendant des années avec de faux chiffres sur leur position financière. « C’est la punition du marché pour la Grèce », d’après Weekers. (Suite en dessous...)

http://vorige.nrc.nl/economie/article2481429.ece/Kamer_Geen_Nederlandse_steun_aan_Griekenland

Eh bien, si Weekers s’était renseigné un peu, il aurait pu savoir ceci :

Selon Nikolaos Salavrakos, Membre du Parlement Européen, dans “The Greek Fiscal Crisis: Is there a way Out?” / « La crise fiscale Grecque : Y a-t-il un moyen d’en sortir ? »

« En 1974 la dette publique Grecque n’était que 22,5% de son Produit Intérieur Brut (PIB), et en 1979, lorsque la Grèce signait son entrée dans la Communauté Économique Européenne, c’était 31, 7%. Elle atteignait 36,1% en 1981 et en 1989 elle était 85,3%. La dette publique continuait à monter et ainsi, en 1993 elle avait atteint un niveau surprenant de 110,1% du PIB. C’était légèrement ramené à 106,6% en 2001 et 102,4% en 2003. Ainsi, même avec les statistiques officielles dela période 2000-2003, la dette Grecque était toujours élevée. Cependant, la Grèce entra dans l’Union Monétaire Européenne le 1 janvier 2001 comme son douzième membre. Il est évident que tout le monde (les marchés, les politiciens, la Commission Européenne) savait qu’un pays avec une dette supérieure à 100% de son PIB devenait membre de l’Union Monétaire Européenne. »

http://www.efdgroup.eu/news/99-the-greek-fiscal-crisis-is-there-a-way-out.html

Jusqu’au 18 décembre 2010 le FMI a fournit plus de 10 milliards d’euros de crédit à la Grèce. Apparemment les conditions n’ont pas été rendues publiques.

[20] C. van Ewijk & L.J.R. Scholtens dans “Geld, Financiële Markten & Financiële Instellingen” (en Néerlandais) Voir « Multiplication de l’argent »/“Geld vermenigvuldiging”

Rudo de Ruijter,

Copyright:

La reproduction de cet article est autorisée sous condition de mentionner ce lien vers l’article original : http://www.courtfool.info/fr_Sortir_de_l_euro.htm  .

L'auteur peut être contacté via www.courtfool.info/fr_contact.htm