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jeudi 25 novembre 2010

Au chômage ? C’est la faute à la Chine !

A lire dans Le Courrier International.com:

Le chômage continue de s’accroître et inquiète les Américains. A l’approche des élections législatives, les candidats des deux camps opposés désignent à coups de pub un bouc émissaire à cette situation : la Chine, relate le New York Times.

A l’heure où tant d’Américains s’inquiètent de l’état de santé de leur économie, les candidats des deux grands partis se sont trouvé un nouvel ennemi : la Chine. Républicains et démocrates s’accusent d’avoir laissé des emplois américains filer chez leur rival. Depuis le début du mois d’octobre, au moins 29 candidats ont diffusé des messages laissant entendre que leurs opposants auraient été trop conciliants avec la Chine et que les Américains en auraient souffert.
Ces clips ne sont pas seulement remarquables par leur nombre, mais également par leur ton accusateur.
Cette avalanche de vidéos, dont le coût total devrait se chiffrer en dizaines de millions de dollars, survient alors que les responsables politiques s’efforcent de répondre à la principale préoccupation des électeurs : le chômage.
Ces campagnes sont tellement acrimonieuses et généralisées que certains s’inquiètent d’une possible montée du sentiment antichinois et de la survenue de nouvelles complications dans les relations déjà tendues entre les deux pays.
Robert Kapp, ancien président de l’US-China Business Council (USCBC), a déclaré que s’il y avait déjà eu des tensions par le passé, jamais la Chine n’avait servi de bouc émissaire aux responsables politiques américains.
“Le fait de pointer du doigt un pays sur tant de sujets alors que nous arrivons à la fin de la campagne est quelque chose de nouveau, c’est un calcul, explique-t-il. Je trouve ça lamentable. C’est dégradant.”

Tous les messages ne parlent pas de la Chine, certains mentionnent également l’Inde ou le Mexique. Dans un de ses derniers clips, la sénatrice [démocrate] Barbara Boxer accuse Carly Fiorina, ancienne responsable de Hewlett-Packard, d’avoir délocalisé des milliers d’emplois “vers Shanghai au lieu de San Jose [Californie] ou vers Bangalore au lieu de Burbank [Californie]” et de “fièrement estampiller ses produits ‘made in China’".
Ce n’est pas un hasard si les démocrates s’en prennent tout particulièrement à la Chine. Cet été, plusieurs figures démocrates, dont Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants, ont incité les candidats à aborder le sujet. De fait, un sondage révélait le fort soutien des électeurs en faveur de la suppression des réductions d’impôt accordées aux entreprises présentes en Chine.
Qu’importe si personne ne s’accorde vraiment sur ce qu’est précisément une délocalisation ou sur le nombre d’emplois qui auraient pu rester aux Etats-Unis. Les démocrates citent des études de l’Economic Policy Institute (EPI), un centre de recherche marqué à gauche, selon lesquelles trois millions d’emplois auraient été délocalisés en Chine depuis 2001 en raison du déséquilibre croissant des échanges commerciaux.

Pour les républicains, ainsi que certains spécialistes, ce chiffre est très exagéré. D’après Scott Kennedy, directeur du Research Center for Chinese Politics and Business (RCCPB) à l’université de l'Indiana, la plupart des emplois créés en Chine grâce à des investissements étrangers venaient de Taïwan, de Hong Kong ou de Corée du Sud, non des Etats-Unis.
Toutefois, certains républicains se saisissent de cet argument eux aussi : ils affirment que le plan de relance de l’administration Obama a permis de créer pour deux milliards de dollars d’emplois dans le secteur des éoliennes en Chine, ce que contestent le Trésor ainsi que l’American Wind Energy Association (AWEA).
Si l’économie chinoise a légèrement ralenti récemment, elle devrait encore connaître une croissance de 10 % cette année, poursuivant sur sa lancée de trente ans de croissance à deux chiffres.

Les candidats qui jouent sur le malaise des Américains face à la Chine moderne ont largement recours à des visions dépassées, pour ne pas dire à des clichés. Ainsi, dans la nouvelle vidéo de Joe Sestak, candidat au poste de sénateur en Pennsylvanie, on entend un gong retentir et une voix off affirmer que son rival républicain, Pat Toomey, est un homme qui “se bat pour l’emploi… en Chine”.
Les conseillers des deux partis suivent les sondages et les réactions des électeurs afin d’évaluer l’efficacité de ces messages et de savoir combien de temps les diffuser. Vu les passes d’armes entre les candidats, ce thème n’est pas près de disparaître de la campagne.

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