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mercredi 31 mars 2010

Deux lois et un principe pour décrivent le management !

Ou la déchéance du management des grandes entreprises

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Alors que les sociétés du CAC40 devraient surperformer, elles stagnent voir régressent parfois, ou font tout simplement moins bien que ce qu’elles pourraient faire. Pourquoi ? Les raisons de ces contre-performances sont en fait découvertes depuis les années 50. Ce qui est extraordinaire, c’est qu’aussi vieux soient-ils, ces principes sont toujours et encore d’actualité.

Loi de Parkinson

Publiée en 1958 par Cyril Northcote Parkinson (historien naval anglais), “La loi de Parkinson” indique avec justesse qu’un individu à tendance à multiplier ses subordonnés. Nous le voyons tous dans nos entreprises qu’un moyen commode de prendre de l’influence est d’avoir de plus en plus de personnes sous ses ordres. Si l’entreprise n’offre pas suffisamment de progression hiérarchique, le subterfuge consiste à injecter artificiellement des subordonnées pas forcément utiles. Parkinson va plus loin, il indique que les managers qui procèdent ainsi subdivisent le travail de manière à se protéger et à créer des tâches et des besoins de coordination internes nécessitant l’embauche de subordonnés. Parkinson a établi ces constatations à partir de son observation de l’administration britannique et quantifiait l’augmentation des fonctionnaires à un rythme de 5 à 7 % l’an à volume de travail égal. Les fonctionnaires ayant tendance à se créer mutuellement du travail. Pour sortir de cette impasse le lancement d’une optimisation et simplification générale des procédures est nécessaire régulièrement avec, par exemple, pour objectif de réduire des 20 % les gaspillages. C’est ainsi que dans nos grandes entreprises sont lancées des tâches d’optimisation sous le doux nom de plan –20 % ou plan –30 %, de comité d’efficacité etc. tout cela à coup de cabinet extérieurs hors de prix.

Certains ont tendance à généraliser cette loi par le principe qu’une ressource disponible est inévitablement utilisée. C’est ainsi le cas des mémoires d’ordinateurs mais également des routes : plus nous en construisons plus nous avons de voitures qui les empruntant (Paradoxe de Jevons).

Le principe de Peter

Publié en 1969 par Laurence J. Peter (Docteur en Enseignement et directeur d’Ecole) et Raymond Hull, “Le principe de Peter” indique qu’un individu progresse dans l’entreprise jusqu’à ce qu’il devienne incompétent. Ce qui implique que plus on monte dans la hiérarchie plus on risque de trouver des incompétents ! Que faire d’eux lorsque leur incompétence est révélée ? Peter nous donne la solution, toujours très utilisée de nos jours : promouvoir l’incompétent à un poste prestigieux en principe, mais totalement inutile. C’est ainsi qu’il nuira le moins à l’entreprise. Ce procédé est d’autant plus utilisé que licencier un incompétent supposerait que son chef l’est aussi puisqu’il l’a promu ou conservé cet individu aussi longtemps à son poste. Peter va même jusqu’à quantifier la population d’une organisation. 10 % sont très incompétents, 20 % incompétents, 40 % sont modérément compétents, 20 % sont compétents et 10 % sont très compétents. Les extrêmes (très compétents et très incompétents) ne font en général pas partie de la hiérarchie. Les super-compétents sont un danger pour la hiérarchie, car ils voient tous les dysfonctionnements et proposent des améliorations qui risquent de bouleverser la hiérarchie et/ou de révéler l’incompétence de leurs chefs.

Peter remarque qu’il est préférable, lorsqu’on en a conscience, de se maintenir à des postes ou nous restons compétents. Pourquoi ? Simplement parce que c’est un facteur de bonheur personnel. Ainsi, l’explication est donnée de tous ces chefs exécrables qui pourrissent la vie de leurs employés ! Peter constate également que le refus d’une promotion (si l’on sent que l’on risque de devenir incompétent par exemple) est mal vu par la hiérarchie. C’est ainsi que, même les personnes lucides peuvent tomber elles aussi dans le piège du principe de Peter !

Principe de Dilbert

Publié en 1997, “Le principe de Dilbert” de Scott Adams (diplômé d’économie et de management, a été consultant pour Logitech) pousse le principe de Peter un peu plus loin, car il constate qu’avec le temps les constats de Peter se sont aggravés. « Les gens les moins compétents sont systématiquement affectés aux postes où ils risquent de causer le moins de dégâts : l'encadrement. », contrairement à Peter, le constat de Scott Adams est que les incompétents sont automatiquement promus aux postes d’encadrement, car ils y feraient moins de dégâts. Ce n’est pas incompatible avec le principe de Peter mais présuppose que les incompétents sont si nombreux et si vastement incompétents qu’il est nécessaire de les évincer des postes dangereux et donc, de les mettre à de vrais postes ou leur pouvoir de nuisance sera moindre. Evidemment, le principe de Dilbert est plus humoristique que scientifique. Qui sont-ils d’après Scott Adams ? Des personnages qui ne comprennent rien à la technologie et qui manquent de bon sens dans les cas les plus graves. Evidemment, nous avons tous en mémoire ou sous les yeux des directeurs comme décrits par Adams, qui tapent leur courrier à deux doigts avec la fulgurante rapidité d’un escargot et qui dès qu’ils doivent faire un transparent un tout petit peu évolué sous PowerPoint sont incapable de le faire seul et qui pourtant sont directeur R&D… Quant au bon sens, nous savons tous que c’est une denrée assez rare en fait. Les autres caractéristiques d’un mauvais manager sont les suivantes : faire des plannings et des budgets sans référence à la réalité, incapacité à récompenser le succès et à punir la fainéantise, pénalisation d’employés pour des erreurs d’origine managériale, incapacité à élever la morale des autres tout en l’abaissant de fait, incapacité à communiques des objectifs clairs et mobilisateurs, promotion d’une politique de ressource humaine sadique et diabolique, incapacité à déléguer et à faire confiance à ses subordonnés et nécessité de recevoir des rapports d’avancement détaillés et constants (micro- management). Evidemment avec tous ces détails donnés par Adams, nous devons nous rendre compte qu’il n’a pas toujours tort bien au contraire. Qui ne connait pas dans une grande entreprise un tel profil ?

Adams pense que les personnes compétentes, elles, n’ont aucune chance d’évoluer, car trop indispensables dans leur poste actuel. Là également, nous avons profusion d’exemples dans notre vie professionnelle de tous les jours. Des personnes appréciées dans leur travail cherchant à évoluer et à qui nous mettons des bâtons dans les roues, car nous savons qu’elles seront assez difficiles à remplacer…

Les tout petits principes d’Eugène

Le tableau est presque complet néanmoins il me faut ajouter ma touche personnelle avec ces quelques petites lois supplémentaires :

  • Lorsque plusieurs possibilités s’offrent à une entreprise, c’est toujours la moins probable qui est choisie par la direction du groupe.
  • Un manager incompétent pense sincèrement qu’il passe son temps à résoudre des problèmes alors qu’il ne fait que papillonner dans diverses réunions demandant à ses subordonnés de les résoudre pour lui
  • Un manager incompétent pense que ses subordonnés sont en permanence à l’affut d’un travail qu’il aurait la bonté de leur donner et est furieux s’ils ne sont pas disponibles dans la seconde
  • Les entretiens de fin d’année n’ont que pour but de faire nous croire que nous méritons l’augmentation que l’entreprise à décidée de nous donner
  • Les incompétents donnent des objectifs annuels nombreux et variés pour être sûr que nous mériterons l’augmentation qu’ils pourront nous donner l’année suivante
  • Les incompétents pensent qu’ils sont seuls à pouvoir sauver leur service pendant que leurs subordonnés réparent l’effet de leurs décisions désastreuses
  • Un manager incompétent pense que ses subordonnés se dévoueront corps et âme pour réussir leurs propres objectifs permettant de débloquer leurs fortes primes
  • Les incompétents pensent que la seule variable d’ajustement qu’ils ont en cas de crise est le nombre d’employés
  • Les incompétents délocalisent sans hésitation, car ils pensent être à l’abri de par leur position hiérarchique et financière
  • Un incompétent pense que les nombreux indicateurs qu’il demande chaque mois suffisent à garantir le succès de son entreprise s’ils sont bons
  • Un incompétent fait suivre ses emails sans commentaire ou, s’il est de bonne humeur, avec un simple FYI (For Your Information, Pour Votre Information)
  • Dans un service il vaut mieux prend le café trois par trois que tous ensemble, car un manager voyant la scène penserait qu’ils n’ont rien à faire

1958, 1969, 1997… Ces principes ne sont pas nouveaux et pourtant, combien d’actualité ! Jusqu’où le management des grandes entreprises et de l’administration peut-elle aller ? Vers quelle décadence nous entraîne-t-il ?

mercredi 24 mars 2010

Allemagne, nous manges-tu notre croissance ?

Alors que les polémiques sur l’Allemagne, sa compétitivité, ses bas salaires vont bon train, j’ai voulu en savoir plus sur le système Allemand avec l’exemple concret d’un ami travaillant dans l’industrie automobile-outre-Rhin.

Travaillant dans l’industrie automobile, c’est le puissant syndicat de la métallurgie « IG Metal » qui régit une bonne partie des contrats de cette industrie. Première surprise lorsque l’on est embauché dans ce secteur, suivant son niveau de responsabilité, on peut se voir proposer deux types de contrats.

Contrats « au tarif »

Une de deux possibilités de contrat est dite « au tarif ». Dans ce cas, le travail est payé à l’heure et la grille salariale est négociée et gérée par le syndicat. Il y a douze niveaux de 1 à 12 ayant chacun deux sous niveaux A et B. Au bout d’un an et demi de sous niveau A, l’employé passe automatiquement en B. Les sous niveaux sont donc des niveaux d’ancienneté.

Pour chaque niveau et sous niveau un salaire correspond. Les augmentations de la grille sont négociées par le syndicat chaque année normalement. Si pour 2010 ils n’ont pas négocié d’augmentation étant donné la crise économique, pour 2011 l’augmentation de la grille sera de 2,7%.

Les employés au tarif peuvent être embauchés à 35h ou 40h. Dans le cas d’un contrat à 40h le salaire est plus élevé de 12,5% pour tenir compte du nombre d’heures travaillées en plus. C’est l’employeur qui décide. En revanche, en Allemagne, lorsque l’on parle de 35h ou 40h ce sont de vraies heures car les syndicats passent dans les bureaux et usines pour « vider » les éventuels récalcitrants. Une badgeuse est obligatoirement mise en place afin de traquer les heures qui dépassent. Nous pouvons compter sur la rigueur Allemande pour faire respecter à la lettre les horaires.

Pour chaque niveau, une fiche de définition de poste est obligatoirement définie, elle permet de définir précisément les tâches et périmètres de chaque poste.

En plus de ces subtilités de contrat une autre subtilité vient se glisser : Le contrat de travail peut être annuel ou mensuel. Une des principales différences est le nombre de mois de salaires prévus (12, 13, 14 mois par an). Le montant de la grille en tient compte.

En plus des salaires prévus dans la grille, deux primes annuelles sont possibles. Une prime personnelle correspondant à une récompense pour une performance exceptionnelle. Cette prime est assez rare. Le deuxième type de prime est une prime graduelle qui diminue si la grille augmente pour finalement s’équilibrer.

Les contrats « hors tarif »

Dans ce cas l’employé n’est plus payé à l’heure mais à l’objectif. Le salaire est donc le résultat d’une négociation personnelle et le nombre d’heures n’est plus décomptabilisé et ne donne donc pas droit à des récupérations. Il y a tout de même une limite légale de 10h par jour maximum mais peu vérifiée, le syndicat se désintéressant un peu de cette catégorie supérieure. Contrairement à la France, pour tomber dans cette catégorie avantageuse pour les entreprises, et afin d’éviter les abus, un salaire minimum est défini : il s’agit du salaire de la tranche 12B +35% pour les contrats annuels et 12B +30,5% pour les contrats mensuels. Ainsi par exemple un contrat annuel 12B de 35h est à 73 629€ (84147€ pour 40h). Pour pouvoir être au forfait comme le sont les cadres en France, il faut donc au moins avoir un salaire annuel de 73 629 + 35% = 99399 K€ ! De plus, toute augmentation de la grille « pousse » automatiquement les salaires plancher des hors forfait, les augmentations sont donc également au minimum garanties d’être au même niveau que celles des employés au tarif.

Quelles sont les différences avec la France ?

En France, il n’y a pas de grille négociée dans la métallurgie. Une tentation forte de mettre tout le monde « cadre » afin de passer le personnel en hors forfait a pour conséquence de dévaloriser le titre de « cadre » et de rendre corvéable à merci des catégories entières d’employés mal payés. Il y a bien une jurisprudence en cas d’abus d’horaires associés à un salaire normal (ou faible) mais cela ne s’applique éventuellement que lors d’un passage aux prud’hommes, donc lorsque le conflit est plus ou moins irréversible. En Allemagne, il y a un salaire minimum élevé afin de pouvoir basculer dans la catégorie des corvéables à merci. C’est d’ailleurs assez frappant, les bureaux Allemands sont désert vers 16H30 tandis que certaines rares personnes restent tard ce sont les « hors tarif ». Une des dérives du système est de proposer à des personnes au salaire proche du 12B un contrat hors tarif, mieux payé en apparence, mais lorsqu’on le reporte à l’heure réellement travaillée, il est souvent moins avantageux. Le phénomène existe en France entre privé et public.

Si les salaires semblent plus rationnellement gérés en Allemagne et plus hauts également (plus ou moins 25% à fonction égale), les impôts sont aussi plus importants pour un employé. C’est difficile à comparer mais on peut considérer que les impôts sont entre 30 et 100% plus élevés qu’en France. Le prélèvement de l’impôt sur le revenu est effectué sur le salaire brut. Les écarts de salaires suffisant pour que, même à impôts plus élevés les Allemands gagnent souvent un peu plus que les Français…

Pour l’employeur Allemand, c’est l’inverse, il paye tout compris 12% de moins qu’en France !

Le cadre de vie est bien meilleur qu’en France, le respect des 35h (ou 40h), la propreté des villes, la richesse apparente du pays, le dynamisme des petites villes où petits commerces côtoient activités sportives nombreuses sont un plus. Si l’Allemagne est le pays de Lidl, Aldi et autres Schlecker, cela reste des points de ventes à taille humaine et les hypermarchés n’ont manifestement pas tout envahis comme en France maintenant en vie les centre ville de toutes les villes du pays, y compris les toutes petites. Ce dynamisme des petits commerces est sûrement un bouclier contre le chômage également.

Nous entendons souvent que l’Allemagne est un pays cher, ce n’est pas vrai en général, cela dépend en fait des régions. Globalement le coût de la vie est similaire voir parfois plus bas qu’en France. Les restaurants sont moins chers par exemple. En revanche, la taxe automobile (vignette régionale) existe toujours et n’est pas donnée (exemple 330€ par an suivant les régions). La mutuelle peut être privée ou publique avec des tarifs et modes de fonctionnement très différents. On ne peut pas cumuler les deux ni passer de l’un à l’autre après un choix initial. La mutuelle publique permet l’accès à des prix bas (exemple un détartrage de dents à 55€ au lieu de 300€ avec la mutuelle privée) mais génère des dérapages. Ainsi une personne qui tente de prendre un rendez-vous médical se voit systématiquement poser la question de la mutuelle privée ou publique. Si la mutuelle est publique, il faut parfois attendre des mois, si la mutuelle est privée c’est beaucoup plus cher mais le rendez-vous est obtenu sous quelques jours. C’est un peu la même dérive qu’en France lorsque dans un hôpital nous voulons prendre rendez-vous avec un professeur dans le cadre de l’hôpital ou en consultation privée mais généralisé à tous types d’actes sans choix possible (autre que le choix initial privé/public). Si la mutuelle publique protège toute la famille, la mutuelle privée ne protège que le souscripteur et il faut donc payer en plus pour femme et enfants. La mutuelle est globalement plus chère qu’en France bien que ce soit difficile de comparer. Un prélèvement de 200 à 300€ par mois pour une mutuelle privée est l’ordre de grandeur.

Conclusion

Si ces données ne concernent que le secteur de la métallurgie, dire que les salaires sont plus bas qu’en France est sûrement faux. Le niveau de vie est clairement plus élevé et pour s’en convaincre il suffit un peu de voyager dans le pays. L’industrie n’y est pas décimée comme en France, et les nombreuses usines et sites industriels qui jalonnent la campagne Allemande témoignent de la grandeur actuelle de son industrie. Les raisons de cette situation florissante sont nombreuses : nombreuses PME solides, grosses industries tenues principalement par de riches familles qui manifestement respectent plus l’industrie locale que les actionnaires. Les droits de succession sont aussi beaucoup plus raisonnable ce qui évite de morceler le patrimoine et d’éviter que de nombreuses entreprises familiales tombent aux mains d’actionnaires juste pour payer ces droits. Le type d’industrie à faible concurrence et forte valeur ajoutée est également un atout. Ainsi, nul besoin de fustiger l’Allemagne pour améliorer notre performance mais d’en copier les principaux atouts : Droits de succession faibles, aide au développement de toute les PME indépendamment de leur taille au détriment des grosses entreprises, aide à la recherche, aide à l’export… Nous avons de nombreux atouts que l’Allemagne n’a pas : sécurité sociale pour tous à un prix raisonnable, plus forte démographie (l’Allemagne manquera bientôt d’ingénieurs et de main d’œuvre)…

jeudi 18 mars 2010

Le Figaro part en campagne électorale

Via les blogs de ses journalistes.

Il est évident que Le Figaro, vu son positionnement politique, ne peut que défendre l’UMP, aussi il n’est pas étonnant de constater chaque jour qu’ils participent à la campagne électorale. Toutefois certaines ficelles sont parfois un peu grosses.

Ainsi sur le blog, hébergé par le journal, d’Elsa Bembaron, journaliste au Figaro économie depuis 1997, on peut lire des affirmations originales que l’on ne lira nulle part ailleurs.

Ainsi nous apprenons avec grand étonnement qu’« Il flotte comme un léger vent d’optimisme sur la petite industrie française. Quelle mouche pique ces industriels ? Le printemps ? Les régionales ? ». Je suppose que personne n’avais remarqué cet optimisme, même pas BFM, qui pourtant n’est pas non plus ce que l’on peut appeler une radio de gauche… En revanche, il est clair que le régionales ont inspirées le cocorico que nous pouvons lire dans cet article si justement titré « vive le made in France ». Evidemment l’optimisme est tellement gros à quelques jours des élections que la journaliste n’a pas pu faire autrement que de relativiser elle-même : « Evidemment, tout cela est à relativiser d’urgence ». Ouf ! Nous avons faillis nous demander quelle mouche l’avait piquée…

D’ou viendrait ce si subit et miraculeux frémissement d’après elle ?

  • D’un « frémissement de reprise », ceci, par contre n’est pas très étonnant
  • Mais principalement, des politiques. Et pas n’importe lesquels bien entendu : « Les patrons industriels, grands ou petits, sont généralement contents d’avoir un ministre de l'industrie,  des Etats Généraux et même un Président de la République qui chante leurs louanges. »
  • La formule « l’industrie n’est pas un gros mot », plaît beaucoup paraît-il. Formule inventée par Thierry de Montbrial, directeur général de l'Ifri

Dommage que l’article ressemble a une publicité pour le gouvernement car il a le mérite de rappeler ce que je dis depuis longtemps « Vive le made in France ». Rappeler que les délocalisations ne sont pas toujours rentables car il faut « prendre en compte le coût global pour ne considérer que le prix facial. Si on analyse les coûts complets, les écarts sont moins attractifs. Au prix d’achat, il convient d’ajouter le transport, la non-qualité (qui a souvent un prix élevé), les éventuels retards… ». Très juste, comme je le faisais remarquer dans mon article Délocalisations, tous responsables ou presque ! L’article se finit par, comme il se doit en campagne électorale, une petite note d’optimisme qui finalement renforce sa thèse de départ : « Comme quoi on peut produire en France et être compétitif. »

Si Le Figaro se met au Made In France, alors franchement je ne vois pas pourquoi, vous lecteurs, vous résistez encore ! Achetons Français tant qu’il est encore temps ! Au train ou vont les choses, ça ne va pas durer…

mercredi 17 mars 2010

Nous sommes des moutons !

Et de plus en plus !

Certains d’entre vous on vu le film « I comme Icare » d’Henri Verneuil qui avait le mérite, dans un de ses passages célèbres, de vulgariser les résultats d’une expérience scientifique très intéressante menée entre 1960 et 1963 par le professeur de psychologie Stanley Milgram à l’université de Yale.

Le but avoué de l’expérience étant de mesurer l’efficacité d’une punition sur la capacité mémorisation. Pour de faire, Stanley passe une annonce dans les journaux de l’époque afin de trouver des participants à une expérience scientifique contre une indemnisation de $4,50. Les personnes choisies avaient de 20 à 50 ans, de tous niveaux d’éducation et de tous types de métiers.

Les personnes qui se présentaient suite à l’annonce se voyaient proposer une fausse expérience ayant pour principe apparent de mesurer la capacité de mémorisation d’un sujet en fonction d’une punition. L’illusion de l’expérience était entretenue par un tirage au sort déterminant, parmi les candidats, le professeur de l’élève. Mais le tirage était truqué et il n’y avait que des professeurs, l’élève étant systématiquement un acteur travaillant pour Stanley. Le sujet observé se voit donc confié automatiquement le rôle de professeur sensé faire apprendre une liste d’associations de mots type « ciel – bleu » à un acteur-élève qui, s’il se trompe, se voit infliger une punition par un voltage de plus en plus grand.

L’élève-acteur fait exprès de se tromper régulièrement et simule alors une douleur croissante (cris enregistrés) lorsqu’il se voit punis par un voltage de plus en plus grand. L’envoi progressif de décharge met les « professeurs » dans un état « agentique ». Chaque décharge confirme l’engagement de plus en plus fort du professeur. Un des usages des résultats de cette expérience étant de comprendre comment un peuple de gens normaux à pu obéir, sans se poser de question, à des ordres menant à la déportation de juifs dans des camps de la mort. Les résultats de l’époque étaient les suivants : L’obéissance à des ordres cruels et aberrants est facilitée par le morcellement des responsabilités (l’homme qui arrête les personnes, celui qui les conduit au train, celui qui ouvre les portes du camp, etc.…) et le respect de l’Autorité qui donne ces ordres.

Mercredi 17 mars 2010 à 20H35 sur France 2, une émission enregistrée a repris ce principe dans le but de faire un bilan entre les résultats de 1963 et ceux obtenus en 2009. Si des variantes ont été appliquées aux principes de l’expérience (cette fois il s’agit d’un jeu télévisé, « la zone extrême », avec un décor à la « Qui veut gagner des millions », une musique dynamique qui va avec et un véritable public), l’expérience est globalement identique et les résultats sont surprenants et inquiétants à la fois.

Une fois le principe des décharges électriques expliqué aux candidats, aucun participant ne refuse l’expérience. Pourtant, un peu plus loin dans le jeu 19% d’entre eux ont finalement abandonné le jeu. Près de 81% ont obéis aux règles presque aveuglement (30% n’ont même pas tenté de contester). Même si l’élève-acteur à 380 volts ne répond plus (pas de réponse égale mauvaise réponse), laissant penser qu’il est inconscient ou mort, 81% de ces candidats continuent d’envoyer jusqu’à 460 volts sous les incitations (qui sonnent parfois faux) de la présentatrice « Ne vous laissez pas impressionner, continuez ! », « le jeu exige que vous continuiez », « nous assumons toutes les conséquences » ou « qu’en pense le public ? ». Si le candidat persiste au bout de 5 injonctions, l’expérience s’arrête. Un des 9 candidats qui décident d’abandonner remarque avec justesse qu’il « ne doit rien au jeu ». Un autre, qui vient d’un pays communiste, indique que ces manettes électriques sont comme le communisme. La société démocratique que nous avons connue depuis notre naissance détruit-elle notre libre-arbitre ? Les candidats qui continuent extériorisent (et diminuent) leur stress par le rire (vers 80V), puis (pour 17% d’entre eux) en trichant (ce qui les déculpabilise), enfin, vers 320V la victime veut tout arrêter et les candidats vont nier la victime en parlant en même temps que ses cris. A l’époque de Stanley Milgram, ils étaient 62% à aller jusqu’ à aller jusqu’au bout, 19% de moins qu’aujourd’hui. Parmi les candidats, trois n'ont pas souhaité que leur passage figure dans le documentaire. Sur ces trois personnes, deux sont des « désobéissants ». Le plus rebelle d’entre eux a également refusé de se montrer : il a réussi à retourner en sa faveur le public de l'émission afin que cesse le tournage.

Les résultats de l’expérience changent si la présentatrice disparaît du plateau et laisse le candidat seul avec l’élève et le public : 75% des candidats abandonnent et le résultat est inversé. Mais que penser des 25% qui continuent ?

Evidemment nous pouvons discuter à loisir de la validité de cette expérience et de ses résultats, comme l’expérience originale a fortement été critiquée, la psychologie n’étant pas une science exacte. Il faut également dire que si les candidats étaient sensés ne rien gagner (40€) car le jeu était en phase de mise au point, néanmoins, durant le jeu, il est mentionné un gain d’un million d’Euros. Le candidat peut-il oublier les règles du départ et croire finalement au gain ? Comme le dit un des candidats, il est « au théâtre ». Ainsi l’expérience de France 2 suscitera donc encore plus de critiques que celle de Milgram. 15% des personnes qui jusqu’au bout ont déclaré à posteriori ne pas avoir cru à la réalité des décharges électriques (6% dans l’expérience de Milgram). Mais il faut se méfier des justifications d’après jeu, permettant aux candidats de justifier leurs actes.

Malgré ces réserves, les résultats ne paraissent pas tellement éloignés de la réalité que nous visons tous les jours. Si l’émission titre « jusqu’ou va ma télé ? » et centre le débat autour de la télévision et de la téléréalité, l’expérience originelle, elle, n’a aucun rapport avec cette dernière. Dans la nouvelle édition, il s’agit d’un jeu télévisé où l’autorité est remplacée par une présentatrice et le chauffeur de salle. Aussi, je me suis demandé en quoi ces résultats peuvent être compris et utilisés dans le cadre de la France actuelle et non pas seulement dans le cadre télévisuel.

Tandis que le gouvernement et de nombreux autres gouvernements dans le monde, semblent mettre en place des méthodes et outils de contrôle de l’opinion publique (Loppsi & Hadopi, dénonciation permanente des dérives de l’Internet pour justifier ces mesures, espionnage informatique légalisé, etc.…), les citoyens perdent de plus en plus leur esprit critique. Ceux qui en ont encore un peu ont peur et se cachent. Comment ne pas mettre en regard ces résultats et les nombreuses couleuvres que nous avons dues avaler successivement ces dernières années ? Les bonus des traders avant la crise et reconduits après[1], le salaire mirobolant de certains patrons de grandes entreprises[2], les parachutes dorés parfois milles fois plus importants pour ces patrons que pour l’ouvrier licencié, la retraite dorée de 13 millions d’euros de certains tandis que la majorité reste de l’expectative de la date réelle de leur départ en retraite et du montant miteux de cette dernière[3], la préparation par le gouvernement d’un projet de loi offrant des parachutes dorés aux hauts-fonctionnaires[4], la demie chasse aux paradis fiscaux[5], la gabegie des hommes politiques qui, même en pleine crise, augmentent leur revenus[6], les différents scandales dénoncés du bout des lèvres par la majorité des médias[7], la prise de contrôle des médias par le pouvoir, le maintient, sans modification, de situations aberrantes et scandaleuses[8], le déguisement de la dette publique par des astuces comptable[9], la dégradation de l’Europe, etc. Comment pouvons-nous accepter tout cela sans réagir ? Nous sommes menacés, exploités, ridiculisés et personne ne réagit. Oui, nous avons des problèmes, et comme nous ne réagissons pas, nous méritons peut-être ce qui nous arrive…


[1] Par exemple BNP-Paribas a provisionné un milliard d'euros pour les bonus de ses 4.000 traders. 500 millions seront versés en mars, soit une moyenne de 125.000 euros par personne, tandis que les 500 autres millions d'euros seront distribués sous forme d’actions. Ce qui n’empêche pas la ministre des finances de dire sur France Inter «La BNP est bon élève et j'espère que l'ensemble des banques françaises vont suivre le même exemple pour qu'il y ait un peu de rigueur. Les activités de la banque ont été bien meilleures que l'année d'avant, deux fois meilleures d'après ce que je comprends et ils distribuent moins de bonus».

[2] Par exemple, le double salaire (PDG d'EDF et président du conseil d'administration de Veolia Environnement) du nouveau patron d’EDF est une réalité : 2 millions d'euros par an (soit 139 fois le SMIC annuel) – 1,6 million de la part d'EDF et 450 000 euros de la part de Veolia –, et ce alors que la ministre de l'économie et des Finances avait affirmé en novembre qu'il ne percevrait qu'un seul salaire… En dix ans, Entre 1997 et 2007, les rémunérations des patrons des grands groupes français ont augmenté chaque année de 15% en moyenne, contre 2% à peine pour l'ensemble des salariés.

[3] Dans un article du Parisien il est indiqué que le nouveau patron d'EDF conservera la retraite supplémentaire, pour laquelle Veolia a provisionné 13,1 millions d'euros en 2008. Le chiffre de 13,1 millions d'euros pour ce dernier figure dans le rapport annuel, à la rubrique du régime collectif de retraite supplémentaire, d'un montant total de 30,2 millions au 31 décembre 2008.

[4] Le parisien du 6 février 2010 : Bientôt des «parachutes dorés» pour certains hauts fonctionnaires ?

[5] Voir article de Marianne.

[6] Voir l’article du Point.

[7] Voir également cet autre article de Marianne.

[8] Dark pools, Hedge fund, Banque de détail et d’investissement, CDS…

[9] La Grèce, victime des hedge funds.

mardi 9 mars 2010

Journée “justice morte” contre le retours de la corruption ?

Aujourd’hui c’est la journée “justice morte” décidée par les professionnels de la justice (18 associations) en protestation au projet de réforme de la justice du gouvernement, un texte de 225 pages d’avant-projet de réforme du Code de procédure pénale soumis la garde des Sceaux. Un sujet capital pour l’avenir de la France et pourtant très peu couvert par les médias.

Une manifestation partira à 14H30 du Palais de Justice de Paris et s'arrêtera non loin de la Chancellerie, où une délégation sera reçue. « Le 9 mars 2010 est une Journée nationale de mobilisation justice rassemblant tous les professionnels exigeant que leur soient enfin donnés des moyens décents et dignes d'une véritable démocratie » indique le Syndicat des avocats de France. Une manifestation a Bordeaux aura également lieu.

En quoi devons nous soutenir cette profession dans son combat ?

Sur la forme, les professionnels ont seulement 2 mois pour se prononcer sur le texte sachant que la ministre de la justice a prévenue qu’elle ne reviendra pas sur la suppression du juge d’instruction ni du statut du parquet. Si bien que le secrétaire de l’Union Syndicale de la Magistrature (USM), Henri Ody s’interroge : « Je ne vois pas bien à quoi va servir la concertation » mais remarque bien les risques soulevés par le texte : « celui de voir enterrer les dossiers un peu sensibles à partir du moment où l’enquête est confiée à un magistrat dont la carrière dépend du pouvoir exécutif ». Pour quelles raisons ? Simplement parce qu’aujourd’hui porter jusqu’au tribunal une affaire délicate politiquement nécessite aux professionnels de se battre en ouvrant une information judiciaire en informant après coup la chancellerie ! Avec ce texte « ce sera impossible » indique Benoist Hurel, secrétaire général adjoint du Syndicat de la magistrature (SM) et substitut du procureur.

Pour confirmer les soupçons de loi facilitant la corruption financière, le texte inclus une réforme du régime de la prescription : seront désormais prescrits nombre de délits financiers (abus de bien social limité à 6 ans, abus de confiance simple (détournement de fonds) limité à 3 ans…). Dans le cadre d’une justice asphyxiée qui n’arrive plus à traiter ses dossiers, le projet prend toute sa signification. «  Les difficultés matérielles ne sont pas nouvelles, mais elles se sont accrues » affirme Marc Meslin, de FO-Magistrats.

Le texte donne un rôle plus important à l’institution policière qui sera en charge de l’ensemble des auditions de la procédure.

Au lieu de réformer en profondeur la justice et de la simplifier, le gouvernement empile les réformes sans cohérence et sans logique avec pour seule préoccupation l’adage « A un problème, une loi ». Ce qui fait dire à Virginie Duval de l'Union syndicale des magistrats « On revendique une justice plus équilibrée, loin de l'actuelle diarrhée législative » confirmé pour le juge Leblanc « On empile, à la manière d'un millefeuille juridique, les réformes les unes sur les autres, avant même qu'on ait pu les évaluer ! » Virginie Duval pense également que la justice subit des « atteintes incessantes à son indépendance ».

Alors double discours du gouvernement, en public il vilipende les fraudeurs, goinfres financiers, paradis fiscaux, etc. et en réalité il facilité la corruption ? Un projet très utile en pleine crise 2010, mais pour qui ?

jeudi 4 mars 2010

J’ai testé pour vous devenir “actionnaire”…

53 -Bourse

Qu’est-ce qui nous permet de critiquer la bourse si nous ne la connaissons pas ? Est-ce qu’un petit porteur peut s’en sortir dans ce monde impitoyable ? Quelles sont les règles de base que j’ai appris ? La bourse est-elle morale ? C’est pour tenter de répondre à ces simples questions que j’ai décidé d’apprendre quelques principes de base de la bourse et de tenter de jouer une petite somme, 1000€, pour apprendre. Certains me diront : pourquoi ne pas tenter de jouer avec un simulateur boursier qui ne me fera pas perdre d’argent plutôt que du vrai argent ? Simplement parce que c’est formateur de sentir le risque lorsque l’on joue avec son propre argent dont on peut avoir besoin. Le simulateur nous donne un avant goût mais n’est en rien représentatif de notre capacité rudement mise à l’épreuve avec notre propre argent. Je vous livre ici les résultats de mon expérience d’un an et demi : tous mes petits secrets (ou presque) et mes grandes découvertes (grandes pour moi).

Décider de la somme à investir

Il faut remarquer que jouer en bourse avec moins de 1 000€ n’est pas rentable et risque de vous coûter de l’argent au final. Pourquoi ? Parce que la plupart de frais de bourse sont constant pour de sommes inférieures à 1 000€. Jouer moins implique des frais non optimisés. La première règle à connaître est de savoir qu’on ne doit jamais jouer en totalité la somme investie sur une action. Il faut donc diversifier nos placements. L’idéal étant d’avoir une dizaine d’actions variées ce qui signifierai donc un investissement optimisé de 10 000€. Evidemment si l’on prend plus de risques on peut diversifier moins et investir disons sur 5 valeurs (donc 5 000€ au total). Le premier constat est donc que, pour jouer en bourse de manière moins risquée et rentable, il faut avoir au moins 10 000€ donc ce n’est pas a la portée de toutes les bourses (si je peux me permettre ce jeu de mots facile). Il s’agit là d’une première inégalité entre les joueurs modestes et les joueurs riches, ces derniers ont toutes les chances de faire un investissement moins risqué et plus rentable. Nous verrons plus loin que c’est en fait bien pire…

Le choix du courtier

Pour jouer en bourse il faut passer par un courtier, une plateforme qui prendra vos ordres et vous donnera les cours en temps réel (indispensable). Il est important de bien choisir son courtier car ses tarifs sont déterminants pour éviter les pertes d’argent. Il faut savoir que tout existe, du courtier le plus luxueux au plus low-cost. Le choix n’est pas si évident que cela, les courtiers cossus offrent des services précieux pour la réussite de nos investissements. Evidemment pour une petite somme investie il est préférable de minimiser les frais de prendre le courtier le moins cher possible. Je ne donnerai pas de nom mais actuellement en France le moins cher prélève 2,5 € par ordre de bourse inférieur à 1 000 €. Soit tout de même 5€ (achat et vente) par investissement. Ceci signifie 0,5 % (minimum) de la somme à investir (si on investit tout nous 1000 € dans une même action !). Car si nous voulons éviter de passer à la tranche suivante (plus cher), il faut que la vente soit inférieure à 1 000€ donc que l’achat soit d’autant plus inférieur à 1 000 €. Exemple optimisé : nous espérons faire un gain de 5% sur l’action X avec un investissement maximum de 1 000€. Il faut donc que nous investissions 952,3€ de manière à ne pas dépasser mille euros lors de la vente. La formule est simple : A = 100*V/(100+P). A est le montant d’actions à acheter, P est le pourcentage maximum de gains espérés sur cette action et V est le montant à la vente de nos actions.

Si vous investissez de grosse sommes, les courtiers low-cost ne sont pas la solution il faut regarder le courtier qui a les frais les plus faible pour la tranche de transaction que nous allons faire et qui offre le plus de services. Nous pouvons donner cette deuxième règle : choisir son courtier en fonction des frais les plus adaptés à la somme à investir. Notez que l’annulation d’un ordre ou son expiration n’est pas facturée.

Préparation

Règle trois : Il est impératif de lire la presse financière et/ou une radio financière afin de se tenir au courant de toute nouvelle intéressante sur nos actions. Il y a pléthore de sites web qui parlent de ces sujets mais tout ce qu’ils conseillent n’est pas forcément judicieux. Il faut idéalement regarder ces informations chaque jour de préférence le matin ou le midi. Règle quatre : lorsque vous achetez une action, notez, avant l’achat, les raisons précises qui vous ont conduit à l’acheter (intuition personnelle, conseil (radio Y, site web Y, amis Z)). Indiquez également l’espérance de gain en % ou la valeur de vente cible. Documenter ses achats est le meilleur moyen de comprendre pour quelle raison nous réussissons et nous nous trompons, donc d’apprendre.

Apprendre

Les marchés ont leurs lubies et leurs habitudes. Il existe de nombreux proverbes boursiers qui ne sont pas toujours à prendre au pied de la lettre mais qui sont tout de même instructifs. « On achète la rumeur et on vend la nouvelle » : ceci veut dire que les rumeurs font (parfois) monter (ou descendre) les actions et lorsque la rumeur devient vraie le cours risque de s’effondrer (ou de monter), il est donc urgent de vendre (ou d’acheter). Pourtant certaines rumeurs ne sont pas achetées par contre la nouvelle, une fois divulguée, fait fortement monter l’action. Ce qui est certain c’est qu’une action qui grimpe très fortement sur une courte durée (matinée, journée, semaine) risque fort de chuter : c’est la prise de bénéfices des investisseurs. Ceux qui ont acheté l’action et qui voient la plus value soudainement exploser préfèrent vendre pour « ramasser » les gains. Ceci nous donne deux autres règles. Règle cinq : Surveiller ses actions le plus souvent possible, plusieurs fois par jour est même conseillé. C’est parfois une autre inégalité entre les petits joueurs et les gros joueurs : le temps disponible pour optimiser son investissement. Règle six : Si une action a beaucoup monté il faut la surveiller de près et au moindre retournement de tendance la vendre. Savoir si une baisse sur 10 minutes est un retournement de tendance ou juste une variation passagère est très délicat. Il faut donc souvent être raisonnable et vendre lorsque l’on a fait un gain qui nous paraît raisonnable au risque de ne pas vendre au sommet de l’action. Règle sept : si une action baisse fortement ne pas céder à la panique tant qu’elle n’est pas vendue, nous n’avons rien perdu ! Toutefois si au bout d’un temps très long (à juger par soi-même), l’action ne remonte pas et les perspectives de cette action ne sont pas fameuses dans la presse, il faut parfois se faire mal et vendre à perte. Il faut alors profiter d’un petit rebond temporaire pour vendre en limitant la perte. C’est là que nous devons remarquer un point crucial du risque imposé par la bourse : si une action baisse de 10% (par exemple notre investissement passe de 1 000€ à 900€), il ne faut pas une hausse de 10% pour qu’elle retrouve sa valeur initiale mais une hausse de 11,11% ! Ceci nous indique qu’il est très difficile de se « refaire » avec une baisse. En pratique lors d’un effondrement de la bourse et/ou de nos actions, il peut être excessivement long de retrouver notre investissement initial. En revanche lorsque la valeur boursière des actions est au plus bas, c’est le moment d’acheter. Reste à être certain que nous soyons bien au plus bas… Si toutes nos liquidités sont investies dans des actions bloquées (car en perte), nous sommes coincés pour profiter des bonnes affaires. Règles huit : Ne jamais investir toutes nos liquidités à un instant donné car en cas de baisse forte de la bourse nous serons coincés. Cela confirme bien ce que nous avons déjà vu à savoir que sans une grosse somme à investir nous n’avons aucune chance. Car avec 1 000€ que l’on investit de moitié en dix actions différentes, cela donne 50 € par action et donc des frais de courtage de 10% ! Il faut donc que notre action monte d’au moins 10% pour que nous rentrions dans nos frais…

Dans les réactions classiques de la bourse, si vous la suivez, vous remarquerez que les hausses sont souvent le matin (le bon moment pour vendre), l’ouverture de Wall-Streets (l’après midi pour nous) est parfois synonyme de bonnes ou mauvaises nouvelles faisant varier nos actions (suivre les annonces attentivement). Le midi est un moment calme ou il peut être opportun d’acheter car les valeurs sont un peu plus basses.

Règle neuf : noter nos achats/ventes et plus values (prenant en compte les frais de courtage) dans un carnet et/ou mieux un fichier Excel. A chaque achat il est important de calculer la valeur minimale de revente. Comme les tarifs des ordres dépendent de tranches de montants d’investissement, le calcul sous Excel peut être un peu complexe. D’ailleurs, les tarifs sont dégressifs en fonction du montant : exemple, 2,5€ jusqu’à 1 000€, puis 5€ jusqu’à 5 000€, etc. Encore une fois les gros investisseurs sont favorisés ce qui est anormal. Le système pousse en faveur de gros montants et du coup néglige les petits porteurs.

Résultats de mes investissements

Le bilan de mes investissements en 2009 : 24% de rentabilité annuelle à comparer avec des sicav (index MSCI EMU représentant 299 actions de 11 pays Européen) qui, sur la même période, ont progressées de 20%. Soit tout de même 4% de plus. Alors que le livret A plafonne à 1,25% la manipulation peut être tentante mais les plus-values sont imposables. Si bien qu’en fin d’année nombreux sont ceux qui « liquident » les actions en moins-value afin de contrebalancer les plus values faites. Règle dix : La bourse peut légèrement baisser en fin d’année comme elle baisse souvent en septembre.

Si l’on regarde ma meilleure performance : Thomson achetée un soir peu avant la fermeture de la bourse et revendue le lendemain avec 6% de plus. L’explication est que Thomson était sur la sellette d’une liquidation et le lendemain l’entreprise a été sauvée par un accord des créanciers, d’où la forte augmentation (plus forte que 6% mais j’ai été raisonnable). Evidemment les forts gains (si j’avais joué gros) de l’opération sont à mettre en regard avec le risque associé. Que se serait-il passé si finalement Thomson n’avait pas été sauvé ? Ceci nous amène à nous poser la question de l’utilité sociale de telles spéculations. Que signifie pour une entreprise l’achat et la vente d’actions par un investisseur en moins de 24 heures ? Se pose la question de la moralité de la bourse car obtenir du 24% alors qu’un livret A est rémunéré presque rien du tout pose aussi un problème… Evidemment pour obtenir ces performances, j’ai passé des heures, j’ai aussi eu un peu de chance. Mais ce travail est-il productif et pour qui ? Ce qui est certain c’est que l’on peut faire beaucoup plus que 24%. Il suffit d’avoir des relations et d’obtenir indiscrétions, d’être abonné à des lettres d’informations onéreuses donnant des pistes d’investissements et des informations parfois confidentielles pour avoir des performances dix ou cent fois supérieures. Nous pouvons nous demander également à qui nous prenons l’argent lorsque nous faisons un gain important. Evidemment l’argent vient d’autres investisseurs moins heureux. Mais la question est surtout qui sont-ils ? Il est fort à parier que ce sont souvent des petits porteurs. Je ne veux pas dire par là que les professionnels ne perdent jamais (les évènements récents le montre bien) mais qu’en général, en moyenne, ils s’en sortent bien mieux que les autres. Nombres de petits porteurs se font régulièrement « plumés » car, eux, n’ont pas eu les informations capitales qui leur ont permis de ne pas se faire avoir. La bourse est un milieu de spécialistes et professionnels que ces derniers ont tout fait pour se réserver tout en faisant semblant d’être accessible à tous. La encore tout est fait pour que le commun des mortels n’aie jamais accès aux performances extraordinaires des marchés.

L’utilité de la bourse est évidente pour les entreprises qui souhaitent lever de fonds pour investir et se développer, mais comment la bourse aide ces entreprises lorsqu’elles ont déjà levé ces fond ? La bourse, finalement, est-elle morale sachant que la loi des dividendes met une forte pression sur les entreprises leur demandant des rendements théoriquement impossibles sauf à licencier et délocaliser ? N’y a-t-il pas d’autres alternatives au système boursier ?

Enfin que penser du système des « black pools », systèmes alternatif aux grandes bourses règlementées et exploités par un prestataire de services ou un opérateur de marché. Créés vers la fin des années 90 aux Etats-Unis, les « dark pools » permettent, à l’abri de tout regard indiscret (et anonymement !), d’échanger des actions sans aucun contrôle extérieur comme c’est le cas des bourses traditionnelles. L'objectif affiché étant de ne pas chahuter la Bourse, de ne pas faire chuter ou flamber les prix avec une quantité trop importante de titres. Mais c’est aussi un sympathique moyen de contourner la législation. Pourtant "la progression des "dark pools" peut être dangereuse au regard des objectifs de la régulation, et notamment de l'efficience des marchés", s'inquiète Jean-Pierre Jouyet, président de l'Autorité des marchés financiers (AMF). Une belle verrue créée de toute pièce par les investisseurs sous prétexte de libéralisation et de libre concurrence de la bourse. Autorise depuis 2007 par l’Europe, et dont on a vu la multiplication des offres en 2009. Les puissants de ce monde se sont bien gardés de nous parler de ces « verrues » durant la crise financière !

Note complémentaire

Je n’ai pas tout testé, en particulier certains outils très risqués comme les « Turbo[1] ».

Notons que fin janvier 2010 la bourse a rechutée un peu et que la plupart des investissements que j’avais en portefeuilles ont chutés d’environ 8%. Les sauts brutaux de croissances boursières peu prévisibles mettent fortement en péril les investissements. Ainsi en quelques semaines j’ai perdu la majeure partie des maigres gains (maigres car la somme investie était faible), par comparaison, durant la même période, les SICAV i ont perdues 8% également de leur valeur. C’est ainsi que j’ai du injecter un peu d’argent frais pour regagner un peu d’argent en réorientant mes investissements sur des valeurs qui ont beaucoup baissées. D’où la règle huit ci dessus. J’espère que cette expérience aura éclairé ceux qui critiquent la bourse sans jamais y avoir joué et les dissuadera de venir se faire plumer à leur tour. Car même si je recommençais l’expérience aujourd’hui, fort de mes découvertes, il faut bien avouer que je me bats à armes inégales et que seul un investissement fort en temps et une bonne connaissance de l’économie peut aider à gagner. Noter enfin la onzième et dernière règle : nous avons beaucoup plus de chances de gagner sur des actions et un marché que l’on connaît bien (par exemple celui ou l’on travaille) que sur d’autres.


[1] Un turbo est un instrument de placement coté en bourse qui vous donne la possibilité, grâce à un effet de levier, de profiter plus rapidement des hausses et des baisses de cours. En raison du levier, un placement en turbos est plus risqué qu'un investissement direct dans la valeur sous-jacente. Si le cours de la valeur sous-jacente atteint ou dépasse le niveau d’arrêt, le turbo est automatiquement liquidé et la valeur résiduelle est remboursée à l'investisseur. Dans ce cas, vous pouvez perdre l'intégralité de votre investissement. Si la valeur sous-jacente est cotée dans une devise étrangère, le cours du turbo peut être influencé négativement par les effets liés au taux de change.